jeudi 19 mars 2009

Ces livres pleins de luxure... En 1494 on prêche contre les livres...



Gravure sur bois du début du XVIe siècle.
Un prédicateur présentant son livre à sa sainteté le pape.
Sermons de Jean Raulin, Jehan Petit, 1516.



C'est la simple lecture de cette phrase dans un ouvrage de documentation qui m'a donné envie d'écrire le petit billet du jour :

"En 1494, l'Observant Olivier Maillard prêche contre les livres pleins de luxure avant d'expédier les imprimeurs en enfer."

Cette phrase est extraite de l'ouvrage "Les moines au temps de la réforme. France 1480-1560" par Jean-Marie Le Gall, éditions Epoques, Champ Vallon, 2001.

Expédier les imprimeurs en enfer ! Joli programme.

Olivier Maillard est avec Jean Raulin, le plus grand prédicateur de son temps, mais aussi le plus original...

Hoefer nous dit dans la grande Biographie Universelle :

"Prédicateur de Louis XI et du duc de Bourgogne, Olivier Maillard (originaire de Bretagne et mort a Toulouse) ne semblait jamais trouver de mots assez durs ni d'expressions assez imagées pour ses sermons. Sa reputation est principalement fondée sur les prédications qu'il fit pendant les années 1494 et 1508 dans l'eglise de Saint-Jean en Grève a Paris et les libertés étranges qu'il s'y donna. Jamais personne n'avait attaqué toutes les classes et toutes les professions sociales avec plus de hardiesse, de virulence et de mauvais gout. Chacun de ses sermons est une satire amère et outrageante, revêtue d'un langage grossier, trivial, et de mots empruntés aux mauvais lieux du plus bas étage !" (Hoefer).

On situe bien le personnage.

En 1494 les textes profanes commençaient à être diffusés en grand nombre par les imprimeurs, on peut imaginer les frayeurs froides de ces prédicateurs hallucinés emplis de terreur à l'idée que désormais le Christ et la toute puissance de Dieu seraient éclipsés par ce flots de verbes impies.

Pourtant je ne peux pas m'empêcher de penser que ce genre de personnage avait ses travers aussi et que peut-être, à trop dénoncer le crime on finit par le commettre.

Il y avait peut être quelque chose de Remigio de Varagine en Olivier Maillard... qui sait ?

PS : A notre époque, et sans le secours de l'imprimerie, nos prédicateurs modernes pourraient bien finir à leur tour en enfer, à la simple audition des énormités qu'ils débitent chaque jour...

Bonne journée,
Bertrand

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