dimanche 28 avril 2013

Le Grand Palais 2013 c'est fini ! Petit voyage rétrospectif en images au Salon du livre ancien édition 2013 (Grand Palais, Paris) - 25, 26, 27 et 28 avril 2013

Le Salon du livre ancien au Grand Palais à Paris vient de fermer ses portes aux visiteurs. 4 jours intenses pour le plus grand bonheur des bibliophiles, des bibliomanes et des libraires.

Pour ma part ce fut un grand cru ! De multiples trouvailles dans plusieurs thématiques qui me sont chères. Et vous ? Quelles sont vos impressions sur cette édition 2013 ?

Votre avis nous intéresse ! Exprimez-vous dans les commentaires. C'est fait pour cela !

Voici une petite sélection de photographies prises sur le vif. Il m'a semblé superflu de les légender. On y reconnaîtra pêle-mêle des manuscrits enluminés du XIVe et XVe siècle, des reliures de Knoderer, un grand libraire (au bas mot 1 m 90), une charmante ambassadrice d'Octave Uzanne à l'honneur cette année au Grand Palais, un Gautier d'Agoty rutilant, un stand parfaitement mis en valeur, une belle verrière, des poufs, une fausse reliure ancienne, un livre vendu dernièrement chez Binoche et Giquello, etc.






















Vivement l'année prochaine !

Bonne soirée,
Bertrand

samedi 27 avril 2013

Bibliomane moderne is back ! Grand Palais 2013


Toute ressemblance avec des personnes ou des situations existantes ou ayant existé
ne saurait être que fortuite et indépendante de ma volonté.


Le Bibliomane moderne rentre juste du Salon du Livre Ancien au Grand Palais à Paris ... encore sous le choc ! Que de merveilles ! ... J'ai du rêver ... ;-)

A demain pour un compte rendu impressionniste en images volées ici ou là.

Important ! Le Salon du Livre ancien se poursuit encore jusqu'à demain dimanche 28 avril 20h. Je vous invite si ce n'est déjà fait à vous y rendre ne serait-ce que pour le plaisir des yeux. C'est un événement culturel qui vaut vraiment la peine qu'on se déplace et qu'on s'intéresse. Il reste encore des milliers de pièces exceptionnelles à découvrir, pour toutes les bourses, de 50 euros à plusieurs centaines de milliers d'euros. Dans tous les cas vous vous ferez plaisir et vous ferez plaisir à celles et ceux qui ont fait l'effort d'exposer leurs trésors pour vous.

Passio impellit me est la devise que je retiendrai pour caractériser cet événement   Et je laisserai aux autres cette devise qui n'est finalement qu'une bien mauvaise traduction des instants magiques que j'ai vécu : Me pecuniam citantur 

PS : Le Bibliomane moderne tient à remercier tous ceux et toutes celles (surtout) qui lui ont marqué quelque intérêt dans ce qu'il propose à lire dans ces colonnes bloguesques décousues mais néanmoins animées continuellement de la même et inaltérable passion bouquinière ! Merci à vous. Merci à eux.

Bonne soirée,
Bertrand

mercredi 24 avril 2013

Absent pour cause de Salon du livre ancien au Grand Palais (Paris) ... en visiteur !




Ceux qui voudront pourront me retrouver dans les allées du Grand Palais dès demain 17h et ce jusqu'à samedi après-midi.

Ce sera en visiteur attentif que je ferai mon Grand Palais cette année encore. Encore tout ébouriffé de l'édition 2012 (mon porte-monnaie s'en souvient ...) c'est avec une nonchalance non feinte que je flânerai dans ce dédale livresque pour les petits et les grands (porte-monnaie bien sur).

Quoi qu'il en soit, je vous souhaite de belles trouvailles, à la hauteur de vos espérances. D'ailleurs, les plus belles trouvailles ne sont-elles pas celles là même que l'on imaginait même pas dans ses rêves les plus fous ?

Bonne fin de semaine à toutes et à tous !

Amitiés bibliophiles
Bertrand


Une belle vitrine de l'édition 2012 !

lundi 22 avril 2013

L’Hymnaire d’Antoine Denidel, imprimeur parisien. Ou petite histoire d'un incunable trouvé au fond d'une caisse ...


Le weekend de Pâques [NDLR : désolé pour le retard dans la publication] est traditionnellement jours de fête du livre à Bécherel, ce petit village de Haute-Bretagne où d’irréductibles libraires possèdent encore des boutiques en vrai.

Il fait encore un peu frais au moment du déballage et, cette année, il faut déblayer la neige avant d’installer son stand mais l’arrivée massive des bibliophiles, dès le premier rayon de soleil, a vite mis de la bonne humeur. Le thème de l’événement est : « Merveilleux imaginaires… », et pour s’en convaincre des personnages venus des âges farouches, habillés de peau de peaux de bêtes, une épée à la main, cherchent à faire peur aux petits enfants. 



Fig. 1 Premier feuillet, non signé, contenant la Préface.



Fig. 2 Feuillet Aiii début de l’Hymnaire.


Profitant de cette diversion, je fouillais tranquillement les cartons des bouquinistes. C’est dans un carton comme ceux-là que m’attendait le livre que je vous présente aujourd’hui. Sous ses aspects rebutants (Pas de page de titre, pas de gravure, pas de lettrine enluminée à la feuille d’or, pas d’annotation par un personnage historique), il aurait du logiquement retourner dans le carton d’où je l’avais tiré. Mais voilà, il avait pour lui une impression gothique en deux tailles de caractère qui m’avait paru jolie. Il faut toujours se fier à la joliesse des caractères quand la lecture du colophon se révèle insuffisante pour déterminer la date de l’ouvrage : "Impressum parisii per magister Anthonium Denidel ante collegii de Coqueret in intersigno cathedre commorante".


Fig 3 Colophon d’Antoine Denidel, à l’enseigne de la Chaire.


Seuls, peut-être, quelques conservateurs de la réserve des livres rares de la BNF auraient pu « tilter » sur l’adresse et en déduire automatiquement que le livre datait d’avant 1501 puisqu’Antoine Denidel, imprimeur-libraire parisien, n’aurait exercé que jusqu’au 20 octobre 1501, pendant une courte période d’à peine 7 ans. 

Ce maître ès arts et bourgeois de Paris travailla d'abord en association avec Nicolas de La Barre, vers 1496, puis avec Robert de Gourmont, à partir de 1498. Sur les quelques soixante-dix éditions portant le nom de Denidel, seul ou en association avec un autre imprimeur, seules une petite quinzaine sont datées.

Le catalogue de la BNF nous donne les adresses suivantes : Paris, 1495-1501. Au collège de Coqueret, rue Chartière. Au Mont Saint-Hilaire, auprès du collège de Coqueret. Presque en face des écoles de décret, rue Saint-Jean-de-Beauvais. Près du collège de Coqueret, rue du Mont-Saint-Hilaire. - Enseigne(s) : À l'enseigne de la Chaire. À la Corne de cerf.

J’ignore si cette liste est donnée dans un ordre chronologique, mais si tel est le cas, la boutique à l’enseigne de la Chaire (Intersigno Cathedre), située près du collège de Coqueret, au Mont Saint Hilaire, (c'est-à-dire aujourd’hui dans les environs de la rue de Lanneau et de l’impasse Chartière) serait sa première adresse ce qui permet de dater l’ouvrage des années 1495-96.

Un autre indice permet de conclure que cette impression est antérieure à 1498 : Il existe une autre édition sortie des presses d’Antoine Denidel, en 50 feuillets (en a8, b-h6) que le catalogue intégré de la British Library (ISTC) date de 1498 (4 exemplaires localisés). et qualifie ainsi : «Therefore, not HC 6781 in 48 ff », pour indiquer que cette version est différente des exemplaires en 48 feuillets, et très certainement postérieure. Selon l’ISTC, la mention Paris (Parisii) n’apparaitrait pas. Pourtant Marie Pellechet donne une description détaillée de cet exemplaire en 50 ff. et mentionne : « fnc 50 r° Table, car.moyens : equitur tabula hymnorù / Plus bas : le colophon : finit cöpendiosa hymnorù expositio que nedù difficilù ver / borù significata : verùmetià denidel / ante collegiù de Coqueret in intersgno cathedre cömorantem/ plus bas Laus deo ».

Mon exemplaire contient 47 feuillets et devrait en contenir 48 puisque le second feuillet est signé aiii, bien que le premier, débutant par la préface, n’ait curieusement pas de signature. Il manquerait donc une page de titre à la marque de Denidel, ou alors cette version était destinée à recevoir un titre à l’enseigne d’un autre libraire qui n’a pas été inséré. Pour le reste, les cahiers sont complets et les signatures se suivent : a8 (-1), b6, c4, d-h6. 

Une troisième version imprimée par Denidel, datée celle-là, du 14 Novembre 1499, est en 52 feuillets. (2 exemplaires localisés au Mans et à Milan).

Pour la petite histoire, le fameux exemplaire en 48 feuillets mentionné à l’ISTC et cité soi-disant par Hain-Copinger sous le numéro HC 6781, est bien difficile à localiser. Deux exemplaires seulement sont répertoriés par l’ISTC comme devant être des HC 6781, tous les autres étant des [Therefore not HC 6781 in 48 ff.], l’un à la Bibliothèque Historique de la Ville de Paris, l’autre à Manchester. Or, quand on vérifie dans le catalogue de la BHVP lui-même, on découvre que l’exemplaire en question est en 50 feuillets, donc nullement le HC 6781 ! Quant à l’exemplaire de Manchester aucun détail n’est donné sur la collation. Enfin, le Hain-Copinger ne donne aucune collation pour le n° 6781 et nous ne savons pas quel exemplaire pu servir à établir qu’il était en 48 feuillets. Ces répertoires anciens sont souvent fautifs et leur compilation dans l’ISTC n’est pas un gage d’exactitude; Il faudrait revoir sérieusement l’inventaire de l’ISTC au sujet de l’Expositio Hymnorum.(1)

Pour résumer, si vous me retrouvez la trace d’un exemplaire de l’Hymnaire imprimé par Denidel vers 1496 en 48 feuillets, je suis preneur de l’information, j’aimerais bien savoir quelle page de titre le décorait, si toutefois il y en avait une.



Fig. 4 Le Veni Redemptor Gentium, attribué à Saint Ambroise



Fig. 5 Feuillet c1 : Tu, Trinitátis Unitas, Orbem poténter quæ regis


Pour revenir à notre imprimeur, je ne sais quelle infortune avait accablé Antoine Denidel au cours de sa vie pour qu’il prît comme devise cette formule « Déni d’Elle » (il est vrai assez bien adapté à son nom). Qui était donc ce personnage féminin qui l’avait si douloureusement renié ? Un amour de jeunesse ? Une voisine du Mont Saint Hilaire déjà engagée ? Une figure symbolique comme la fortune ou la gloire? Ou bien faut-il comprendre au contraire que notre imprimeur avait échappé à la Mort ? Difficile de le savoir. Renouard tente une explication bien compliquée : déni d’Elle, la Croix, sous prétexte qu’une de ses marques figurait un denier et la Croix. Une sorte de rébus qui ferait de Denidel un disciple de Judas, bizarre. Il est vrai qu’Erasme s’est plaint dans une de ses lettres du peu d'honnêteté de notre imprimeur qui ne lui aurait pas payé le produit d’une vente de livre, le traite ! Sur une autre de ses marques figure Saint Nicolas et Sainte Catherine portant un écusson avec les initiales AD, liées par une cordelette, tandis que deux anges tiennent un autre écusson à la fleur de lys. Cette marque est plus courante, nous n’avons pas vu celle au denier et à la Croix.



Fig. 6 La table des hymnes



Fig. 7 Ecce iam noctis tenuatur umbra


Pour finir, un mot sur les hymnaires médiévaux, sinon vous allez encore dire que les bibliophiles ne lisent pas leurs livres.

L’ouvrage débute par une préface identique à l’exemplaire imprimé par Pierre Levet en 1488 (numérisé sur Gallica) et sur laquelle notre exemplaire semble avoir été copié : « Liber iste dicitur liber hymnorum…. ». Suivent les noms de quatre auteurs des hymnes : Grégoire, Prudence, Ambroise et Sedulius (voir fig. 1 et 2) 

Les hymnes médiévaux sont ces courtes poésies chantées qui servaient à embellir l’office de la messe ou rythmaient les offices monastiques quotidiens. Certaines hymnes ont été identifiés comme des chants profanes venus de l’antiquité grecque et romaine et qui on été christianisés (comme le Dies irae célébrant la Sybille (Je sens que Bertrand va s’intéresser aux hymnes tout d’un coup ! [NDLR : bof ... ça vaut pas la Vie Parisienne]) . C’est Saint Augustin qui en donne la meilleure définition : « Si vous louez Dieu sans chanter, ou si vous chantez sans louer Dieu, vous n’avez pas une hymne. ». La poésie en question doit donc être mesurée et rythmée.

De savantes études les ont classées selon leur source et leur usage. (2)

L’histoire de l'hymnographie médiévale commence avec certitude au IVe siècle lorsque Saint Grégoire de Nazianze et Saint Hilaire de Poitiers composèrent les premières hymnes latine de l’église, sans réussir toutefois à les rendre populaires, ce que parvint à faire Saint Ambroise, évêque de Milan, qui est véritablement le père de l’hymnodie latine. Ces auteurs jetèrent un pont entre les Églises d'Orient et d'Occident, car il se peut, qu’outre la tradition de la poésie latine, ils se soient inspirés de modèles orientaux. Saint Augustin en témoigne dans ses Confessions (IX, 7, 15), où il rapporte que, lors du siège des églises, pendant le carême 386, « pour empêcher que le peuple abattu ne séchât d'ennui, fut institué, à la mode orientale, le chant des hymnes et des cantiques. L'usage s'en est maintenu depuis ce temps jusqu'à aujourd'hui et il a été suivi en maints endroits, voire presque partout, imité de ton troupeau dans le reste du monde ».

Les hymnes ambroisiennes sont louée depuis toujours pour leur simplicité. Elles comportent huit strophes de quatre lignes et jouent sur le rythme des syllabes, la légèreté de la versification (tétramère iambique) et sur de belles mélodies, que Saint Ambroise a composées lui-même. Ses Hymnes avaient tant de succès et étaient si faciles à comprendre que les croyants ne tardèrent pas à en composer à son exemple, ainsi qu'il le rapporte lui-même (Sermo contra Auxentium 34).

On connait quatre hymnes attribuées avec certitude à Saint Ambroise car présentées comme telles par Saint Augustin ou Cassiodore. Les hymnes Aeterne rerum conditor pour les laudes du Dimanche, Deus creator omnium, pour les vêpres du Samedi, Veni Redemptor Gentium (qui figure en haut à droite de la figure 5) et Jam surgit hora tertia. Pour une dizaine d’autres les experts ne sont pas d’accord, mais il est sur que l’hymne ambroisienne Te Deum n’est pas d’Ambroise.

Par la suite, et progressivement jusqu’au XIème siècle, la rime finit par remplacer l’assonance. Prudence a composé à la fin du IV siècle des hymnes destinées à la dévotion privée, d’un style plus éloquent et dramatique comme la Nox et Tenebra. Du poete Sedulius au milieu du Vème siècle, nous avons A solis ortu cardine et Hostis Herodes impie. D’autre ensuite comme Ennodius ou Venance poursuivrons la tradition jusqu’à écrire des hymnes en langue barbare (Pouah !) comme l’ont fait le cercle des poètes du Palais de Charlemagne.

Outre la transmission liturgique à travers les bréviaires et les psautiers, les hymnes vont connaitre une grande diffusion à la fin du XVème et au début du XVIème siècle grâce à cet Expositio Hymnorum. C’est une sorte d’anthologie de 83 hymnes accompagnée des commentaires, rédigés vers le XIIème siècle, par un auteur inconnu nommé Hilaire (Qu’il ne faut pas confondre avec Saint Hilaire de Poitiers) (3). Le succès du recueil provient des commentaires originaux et du fait qu’il servit de manuel scolaire pour l’apprentissage de la grammaire latine. (D’ailleurs, certaines bibliothèques le classaient anciennement dans la rubrique « grammaire » et plusieurs éditions incunables comportent une gravure représentant un maitre entouré d’élèves).

La version primitive parait en France sous le titre Aurea Expositio chez A.Caillaut, 1480 puis 1492, rééditée notamment par P. Levet en 1485, 1486, 1488. Une version révisée, incluant sept hymnes supplémentaires provenant d’une édition allemande, parait chez D.Bocard, en 1496, sous le titre Expositio hymnorum per totum anni circulum, puis chez Macé à Rouen en 1500. Une nouvelle édition sort des presses de D.Rocé, diffusée par J.Bade en 1512, puis par E.de Marnef en 1515 ; elle reprend une version en 95 pièces issues de la tradition germanique (H.Quentell, 1492). Nous avons déjà dit que la nôtre est copiée de la dernière édition de Levet. L’ordre des hymnes peut varier selon les éditions, mais les commentaires ne diffèrent pas sensiblement entre la version de Bade et celle de Levet, elle-même directement issue de la tradition médiévale.


Fig. 8 Préface (détail)


L’importante préface, qui ouvre le recueil dans toutes les éditions, expose les objectifs de l’hymnaire : « Prima intentio fuit describere illos (hymnos) qui cantantur in prima ferie et sic deinceps secundum ordinem» (voir Fig. 8 ligne 7). L’intention première est de décrire les hymnes dans l’ordre normal de l’année liturgique. La seconde est de donner une connaissance de la nature de Dieu selon le rapport de l’Unité à la Trinité pour orienter le lecteur vers un savoir contemplatif. (« Cognitionem habemus unitatis et trinitatis supponitur theorice i(d est) divine contemplationi » - ligne 9). Suit une longue explication sur le rythme des fêtes solennelles calées sur les cycles de la nature et l’alternance des jours et des nuits, des ténèbres de l’ignorance opposé à la lumière de Dieu.

Bref, vous l’avez compris, la matière de l’hymne est allégorique et suppose des explications, essentiellement paraphrastiques, que l’on trouve dans le commentaire. C.q.f.d. Achetez mon livre semble dire Hilaire. Ce que je fis illico. On savait faire la promo au XIIème siècle ! (5).

Bonne Journée
Textor

(1) Pour preuve supplémentaire, L’ISTC relève un exemplaire prétendument imprimé par Denidel en 1488 que Pellechet aurait mentionné avec la fausse date du 8 décembre 1480, (M Quadragentesimo L XXX octo die mensis decembris). Il est indiqué qu’il ne peut être daté que postérieurement au Levet de 1488 sur lequel il est copié. Or c’est une grossière erreur que le catalogue de la BNF a rectifié, il s’agit d’une impression d’ Anthonium Calliaut et non d’Anthonium Denidel !! Il figure pourtant toujours dans l’ISTC parmi les éditions de Denidel.
(2) Pour une histoire complète des Hymnes et leur analyse voir : Hymnes latines et Hymnaires par Dom Jules Baudot, Paris, Lib. Bloud et Gay 1914.
(3) Peut-être le disciple d’Abélard, voir in Dictionnaire d’Histoire et de Géographie ecclésiastiques, Paris, Le Touzey et Ané, 1990, t.XXIV, col.457-458.
(4) Voir la liste donnée par A. Moss, in “Latin liturgical hymns and their early printing history”, p. 116.
(5) Pour une bibliographie détaillée de l’histoire des hymnes, voir l’article de Nicolas Lombart consacré à l’hymne « Christe qui lux es et dies » in Camenae n°5 – Nov 2008

vendredi 19 avril 2013

Le Père Lécureux, bouquiniste : François Fertiault à Alexandre Piedagnel. Lettre et poème autographe retrouvés.



Vous souvenez-vous ? Samedi 20 décembre 2008 : Un bouquiniste parisien : Le Père Lécureux (1795-1875) - article publié en son temps par le Bibliomane moderne alors tout à sa tâche de tâcheron bibliophile ! 5 ans ! 5 ans ont passé ! Diantre ! Que le temps passe vite en bonne compagnie ! Je n'ai pas vu passer ces cinq dernières années "bibliophiliques" et pourtant ... (j'ai bien peur qu'en 5 ans quelques bibliophiles qui nous lisaient ne soient déjà plus de ce monde ... et que d'autres n'étaient pas encore nés à la Bibliophilie - une pensée émue pour les premiers et un salut amical pour les seconds).

Bref, passons à autre chose, enfin presque. Cinq ans plus tard je mets la main sur un autographe qui fait écho au passé. Il s'agit d'une lettre envoyée par le bibliophile François Fertiault (l'auteur des Amoureux du Livre paru en 1877) à son ami poète et bibliophile Alexandre Piedagnel. Cette lettre fait partie d'une correspondance d'une bonne vingtaine de lettres acquises l'an passé un peu par hasard. Je ne sais pas encore si je vais conserver ces lettres ou bien les remettre en circulation pour en acquérir d'autres, mais dans l'intervalle, je souhaitais vous faire profiter de ces quelques lignes, qui je pense, intéresseront les lecteurs du Bibliomane moderne (un peu en perdition ces derniers temps je dois bien l'avouer ... au profit du blog Octave Uzanne qui occupe presque tout mon temps (et encore il m'en manque !).



Voici la transcription de la lettre :

Paris 10 février [18]86.

Bien cher Poëte,

De nous deux à vous deux bien cordial merci !
J'allais juste vous écrire, car je viens de mettre la dernière main (du moins je le penseà au "Père Lécureux", que vous trouverez ci-joint. - Dans une note je dirai à qui je dois la matière de ce sonnet.
De ce que vous avez bien voulu m'envoyer j'ai dégagé deux millésimes (naissance et mort) approximatifs. Je vous serais très reconnaissant de me les redresser s'ils ne sont pas justes.
Je suis en plein dans la préparation de mon livre, qui ne paraîtra pourtant que vers la fin de l'année.
Merci encore, et toutes mes sympathies, à vous et à Madame Piedagnel.

F. Fertiault


Voici le sonnet composé par François Fertiault en janvier 1886 :


Le Père Lécureux
(1796 - 1876)
à Alexandre Piedagnel.


C'est lui qui s'en allait recueillant les épaves,
Les tomes orphelins, bien ou mal habillés.
Des pertes il voulait guérir les douleurs graves
En offrant au quêteur ses vieux dépareillés.

Oh ! le bon ! Oh ! l'utile ! Oh ! le brave des braves !
Il consolait toujours les pauvres dépouillés.
Oeil sûr, en son dédale il n'avait point d'entraves ;
Les acheteurs, munis, sortaient émerveillés.

Et, durant soixante ans de bizarre abondance,
Des textes incomplets il fut la providence. -
Mais le sombre venait à l'active fourmi ;

De sa vogue ébranlée on l'entendait se plaindre.
Il est mort en voyant son cher métier s'éteindre ...
Le bouquin secourable a perdu son ami !

F. Fertiault (*)

Voilà. Ce n'est pas grand chose, mais moi cela m'émeut de penser qu'à une certaine époque on pouvait rimer sur les bouquinistes et les libraires de son temps. Qui ferait cela aujourd'hui quand une bonne part s'exprime sans façon, sans style, platement et sans envergure. Il nous manque quelques Fertiault et quelques Cyrano dans ce XXIe siècle bibliophilique pourrissant sous l'égoïsme, l'argent et le venin des hommes de mal.

Bonne soirée,
Bertrand

(*) nous avons retrouvé trace de ce poème publié dans la Revue du Siècle de 1899 (Volume 13, p. 328)

jeudi 18 avril 2013

Qui a dit que les religiosa ne valaient plus tripette ??! Le premier livre imprimé en Amérique ! The Bay Psalm Book, which was printed in Massachusetts in 1640 ! Si vous avez 30 millions de dollars à investir ! C'est le moment.



The Bay Psalm Book has not appeared in auction since 1947 when it broke the record for highest price paid for a printed book

The first book printed in America is expected to fetch up to $30m (£20m) when it goes under the hammer in New York later this year.
The Bay Psalm Book, which was printed in Massachusetts in 1640, is one of 11 remaining copies of a translated version of the Book of Psalms.
The book has not appeared at auction since 1947, when it sold for a record breaking $151,000 (£98,990).
In today's money, it would be the equivalent of $1.56m (£1.03m).
At the time, it was the highest price paid for a printed book.
John James Audubon's Birds of America, which sold for $11.5m (£7.6m) in December 2010, currently holds the world auction record for a printed book.
The Bay Psalm Book was written by pilgrims 20 years after they established a colony in Plymouth, Massachusetts.
Colonists John Cotton, Richard Mather and John Eliot, who wrote the book, wanted a version of the psalms which they believed was closer to the original Hebrew than the ones they had brought with them from England.
"The Bay Psalm Book is a mythical rarity," said Sotheby's David Redden.
"With it, New England declared its independence from the Church of England," he added.
Funds for the printing press were raised in England.
The 1640 edition of the Bay Psalm Book is the earliest surviving print from the press, and was adopted by nearly every congregation in the Massachusetts Bay area.
There were 1,700 copies of the original Bay Psalm Book, of which 11 are now left in various degrees of completeness.
The book comes from the collection of the Old South Church in Boston which has two copies of the edition.
Senior minister of the church, Nancy Taylor, said the money from the sale would help to keep the historic building open and help to increase outreach programmes.
The book will tour various cities in the US before the auction on 26 November.

samedi 13 avril 2013

La devinette du Textor : 1370 (NDLR : on est pas si loin que cela du Nom de la Rose ...)


Manuscrit datant de 1370


Bonjour à toutes et à tous,

J’ai un petit jeu de déchiffrement à proposer aux bibliophiles (et bibliofilles remises de leur émotion).

Je bute sur ce texte, il est vrai un peu effacé, et je me dis que certains d’entre nous ont sans doute des talents de paléographes.

Voilà ce que je lis : « Doux mille ans depardon côtient ceste orason aqui de… la di.. entre la levason du corps … … et dernier ag … que dôna et octroya le pape boneface lo VI a la persôn du roy phillipes. »

C’est une allusion à la querelle entre Boniface VIII et Philipe le Bel, mais j’aimerais comprendre de quoi il retourne. l'ouvrage est de 1370, alors évidemment, l'orthographe est un peu olé olé, cela ne facilite pas ! 

Amitiés bibliophiliques
Textor

mardi 9 avril 2013

Après le mytho-bibliophile ... le cyber-bibliomane ? mais encore ...



Après le mytho-bibliophile (celui qui n'achète pas plus vite que son ombre mais qui sait compter les points), voici le cyber-bibliomane (assis dans son fauteuil devant son écran il ne clique pas de peur d'acheter) !

On a beau dire, le progrès a du bon ! Vous allez voir que le bibliophile de demain n'aura plus de livres ... mais plein d'idées sur ceux qui en avaient ...

Votre avis sur cet outil ? (si votre cerveau est suffisamment désenkysté pour pouvoir répondre à une question aussi indiscrète)

Bonne soirée,
Bertrand

dimanche 7 avril 2013

Y'en a combien qui parlent pas le latin ici ?



Peut intéresser les bibliophiles (jusqu'à 4 min 30 environ) ...

Une franche introspection s'avère salutaire ...

B.

samedi 6 avril 2013

Bibliophile ? Bibliofille ? Sans doute les deux ! ou les plaisirs de la lecture solitaire. Décidément la bibliophilie mène à tout ...

Je vous laisse apprécier ...

Note : baissez le son si vous ne voulez pas réveiller la bibliolibido (bibliolibodo ! Ah ! il ne l'avait certes pas dans son Bibliolexique l'ami JP !) de votre voisine septuagénaire ...

Hysterical Literature est un projet mené par le réalisateur Clayton Cubitt. Son idée est plutôt simple : Filmer des jeunes filles attablées en train de lire un livre. Jusque là, rien de bien passionnant. Cependant, sous la table, un vibromasseur en marche ! Au début tout semble être normal, mais au fur et à mesure que la vidéo avance, les voix deviennent tremblantes et la lecture se fait de plus en plus compliquée. Au final, le livre est abandonné au profit d’une explosion de plaisir ! Une façon efficace de nous redonner goût à la lecture !



Hysterical Literature est un projet mené par le réalisateur Clayton Cubitt.
Son idée est plutôt simple :
Filmer des jeunes filles attablées en train de lire un livre. Jusque là, rien de bien passionnant. Cependant, sous la table, un vibromasseur en marche ! Au début tout semble être normal, mais au fur et à mesure que la vidéo avance, les voix deviennent tremblantes et la lecture se fait de plus en plus compliquée. Au final, le livre est abandonné au profit d’une explosion de plaisir !
Une façon efficace de nous redonner goût à la lecture !

On ne prête qu'aux riches ! ... La bibliothèque des ducs de Luynes aux enchères chez Sotheby's (29 et 30 avril 2013)

La bibliothèque des ducs de Luynes aux enchères chez Sotheby's

Un trésor provenant du château de Dampierre

L'AFP a relayé l'annonce faite par Sotheby's, en date de vendredi dernier, de la prochaine mise en vente de l'une des plus importantes bibliothèques privées de France, celle des ducs de Luynes. Jusqu'alors conservée au sein du château de Dampierre, la collection exceptionnelle sera mise aux enchères dans les locaux parisiens de Sotheby's, à l'occasion de deux ventes : la première au cours du mois d'avril et la seconde courant automne. Avis aux amateurs de livres anciens et autres bibliophiles.


Honoré Théodoric d'Albert de Luynes


Près d'un millier de lots seront proposés au public, autant d'ouvrages témoignant de l'histoire et reliés aux armes de la famille d'Albert de Luynes, à laquelle le duché-pairie avait été octroyé par Louis XIII au cours du 17e siècle. Et pour l'expert Dominique Laucournet, cette vente constitue « un événement dans le monde des amateurs de livres anciens et de bibliophilie ».

Selon lui : « Une telle bibliothèque ne s'est pas présentée sur le marché depuis la vente de la bibliothèque du château de La Roche-Guyon, succession de Gilbert de La Rochefoucauld, organisée par Sothebys en 1987. »

On retrouve dans cette collection d'ouvrages, traitant de sujets aussi divers que l'histoire, la généalogie, la littérature, les voyages, la philosophie, la religion ou la musique, quelques pièces importantes. Parmi elles : un album unique des fêtes données à Paris pour le mariage du Dauphin, héritier de Louis XV avec l'infante d'Espagne en 1745, un livre-coffret relié, orné de 19 aquarelles originales et estimé entre 200.000 et 300.000 euros.

La bibliothèque comprend également le recueil d'Androuet du Cerceau, traitant des Excellents Bastiments de France, 1576-1607, ouvrage recelant les planches du premier château de Dampierre. Ou encore une collection de partitions musicales imprimées et datant du 18e siècle, transcriptions d'oeuvres d'artistes comme Lullly, Glück, Rameau, Haydn...

La première vente aura lieu au sein de la Galerie Charpentier, les 29 et 30 avril 2013, et sera consacrée aux ouvrages millésimés entre le temps de Louis XIII et celui de la Révolution. La seconde, automnale, sera consacrée à la bibliothèque archéologique et historique sur le bassin méditerranéen du 8e duc de Luynes, le dénommé Honoré Théodoric, archéologue et mécène (1802-1867).

Source : http://www.actualitte.com/international/la-bibliotheque-des-ducs-de-luynes-aux-encheres-chez-sotheby-s-39890.htm (publié pour la première fois sur le site original Le lundi 28 janvier 2013 à 14:27:33 )

mercredi 3 avril 2013

Forum : Connaissez-vous des bibliophiles qui se la racontent ?



Il y aurait des centaines de volumes à écrire rien qu'avec les histoires de bibliophilie, ou les historiettes, restons modestes. En effet, pas de quoi révolutionner la marche du globe ! Mais tout de même, certaines seraient pour sûr fort cocasses à conter au coin du feu à nos petits enfants ... plus tard.
Comme par exemple cette histoire du type à qui vous donneriez 5 euros si vous le croisiez dans la rue hors les murs du Grand Palais, et qui, pourtant pourrait vous faire tourner le compteur cérébral rien qu'en vous disant combien il dépense chaque année en livres rares.
Comme par exemple celle du type qui demande au libraire d'effacer les prix sur les livres qu'il vient d'acheter pour ne pas que sa femme demande instamment un divorce pour faute grave : abandon de la raison face aux obligations du ménage !
Comme par exemple celle de celui qui veut toujours les plus beaux exemplaires possibles sans jamais vouloir les payer ... en fait le constat est sans appel : il ne fait qu'en rêver. Une sorte de mytho-bibliophile.
Encore, il y a celui qui parle beaucoup, celui qui ne dit jamais rien, celui qui se vante, celui qui cache, celui qui épate, celui qui feinte, encore celui qui voyage beaucoup et va chercher des livres à l'autre bout de la planète, ou celui qui ne collectionne que les livres venant de sa bonne vieille librairie du coin.
Bref, on aurait tous des dizaines voire des centaines d'historiettes à conter sur le sujet, et nous serions certains de passer une belle soirée à nous gausser des autres ... ou de nous-même.
Mais pour ce soir, si cela vous dit, n'hésitez pas à nous faire part de vos expériences et témoignages des histoires de bibliophiles qui se la racontent.
La mytho-bibliophilie est un aspect très intéressant de la pathologie livresque. Je crois qu'elle touche finalement un nombre conséquent de personnes, avec ou sans leur consentement (conscience quand tu nous tiens ...).
A vos claviers donc. Je sais bien que le Bibliomane moderne est un peu mou ces derniers temps, par manque de temps et aussi par manque d'une certaine émulation qui se laisse désirer. Vous me direz que c'est fort bien de se laisser désirer. Je n'en doute pas.

Bonne soirée,
Bertrand

lundi 1 avril 2013

Rétif de la Bretonne était-il fou ou tout simplement génial ? Fiches de libraire - 7 Rétif de la Bretonne passés au crible bibliophilique.


Rétif de la Bretonne était-il fou ? Telle est la question qui me vient à chaque fois que je lis quelques belles pages du Spectateur Nocturne. Faut-il être fou pour être génial ? encore une question qui risque bien de rester sans réponse. Quoi qu'il en soit je suis un admirateur inconditionnel de la prose de l'auteur du Pied de Fanchette et des Nuits de Paris. Peu importe finalement que beaucoup m'échappe, après tout, faut-il toujours tout comprendre.
Sur cette introduction un tantinet biblio-philosophique pascale, voici, extraites du catalogue d'un éminent libraire parisien, 7 notices de livres de Rétif de la Bretonne parmi les plus signicatifs : Ingénue Saxancour (1789), véritable rareté ; Le Palais-Royal (1790) ; Le Drame de la vie (1793), avec le rare portrait de Rétif par Berthet d'après Binet ; Le Paysan perverti (1776) ; Le Pied de Fanchette (1769), rarissime avec les pages de titres imprimées entièrement en rouge ; La Mimographe (1770) et les inimitables Nuits de Paris (1788-1790, mon titre fétiche tant il nous fait découvrir un Paris nocturne des plus passionnants et curieux.
Les prix sont en euros (catalogue postérieur à 2002 donc ...)





Je vous rappelle à cette occasion l'adresse de la Société Rétif de la Bretonne

http://www.retifdelabretonne.net/

Bonne lecture,
Bertrand

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