jeudi 2 février 2012

Un printemps à Paris (1789-2012).



Ah ça ira, ça ira.. Votre République elle tombera !

Le vent souffle à travers les blogs où commentateurs des extrêmes s’invectivent joyeusement sous l’œil ému d’oracles cathodiques, qui tels J. Attali ou A. Minc nous prédisent de fatales révolutions : les riches sont trop riches, les chômeurs trop nombreux, l’élite est démagogue et la dette indigeste.

Serions-nous à la veille d’un nouveau 1792 ?

Dans « Un provincial à Paris durant une partie de l’année 1789 », Dampmartin se posant d’emblée en observateur des derniers feux du parisianisme monarchique, décrit à la fois la société et l’esprit du temps.

Exemplaire personnel de l’Auteur adjugé 750€ chez Osenat en Novembre 2011.

L’analyse fréquentielle (1) d’un texte est toujours un moyen amusant de vérifier si le champ lexical employé correspond à l’idée que l’on se fait d’un ouvrage. Cela tombe bien, les mots porteurs de sens reflètent plutôt le bonheur de la classe privilégiée à laquelle appartient notre auteur.


Champ lexical qu’illustre la formule de Talleyrand, « Qui n'a pas vécu dans les années voisines de 1789 n'a pas connu le plaisir de vivre. »

L’analyse en fréquence des mots dans le temps (voir article N-grams dans wikipédia (4)), démontre bien que si l’esprit est un concept vieillissant en 1789, l’aspiration au bonheur est une thématique en fort progrès à la veille de la révolution.


Or il semble qu’aujourd’hui nous ne soyons plus en quête du même idéal (vous trouverez les analyses fréquentielles des programmes du PS & de l’UMP ici(3)) L’aspiration de chacun est avant tout le statuquo, par la recherche de solutions cartésiennes, chiffrées, financées (de préférence par les autres) !

Ce qui est plutôt rassurant puisque l’émotion, l’idéal, les utopies finissent au mieux par l’élimination de leur promoteurs, et au pire dans un bain de sang.

Il apparait par ailleurs une différence notable entre notre société, et celle que décrit Dampmartin.

Une différence notoire entre les élites.

Si quelques personnalités comme Necker ou Turgot émergent, la haute noblesse semble quant à elle bien fournie en benêts de tout genre. Monsieur le Comte, pourtant monarchiste actif dans la contre-révolution, décrit une société de cour où les jugements sont exclusivement fondés sur l’apparence « Comment accorder quelque confiance à qui n'a pas même le geste militaire? »

La Morgue des Grands n’y a plus de limites, ni même celle du respect des « héros » de notre histoire : « mettez-vous dans la tête, et retenez bien que vos grands généraux du temps passé ne savaient pas un mot du métier »

Les conclusions sont sans appel : « Une distance incommensurable sépare l’âme du duc de celle du gentillâtre, du bourgeois, leur esprit n'a pas la moindre similitude. Aux gens de la cour appartiennent en propre les grandes idées; les petites, les rétrécies sont votre partage. »

(et quand je pense que mon salaire passe dans des livres leurs ayant appartenus, navrant…)

La cour (NDLR : et probablement dans bien des sièges sociaux) est le lieu ou s’exerce l’esprit, un lieu ou les courtisans n’ont d’autre obsession que leur propre élévation « Le courtisan consommé conserve sans cesse présents à l'esprit deux points également importants : l'accroissement de son crédit, la ruine de celui des autres ».

C’est là me semble t – il une différence essentielle entre l’ancien Régime et l’actuel : les élites aujourd’hui au pouvoir, sont passées par des séquences d’écrémage successives dont l’effet aura été principalement d’éliminer les moins performants.

En se contentant de naître, les grands du XVIII e siècle n’ont pu bénéficier de ce processus de sélection, les élites, bien qu’instruites étaient donc de simples Français moyens : orgueilleux, autistes, autoritaires. Des veaux pour citer le Général. Je prends donc le pari qu’un régime tenu par des aigles et des faucons survivra à celui noyauté par de vrais cons (pardon)

Voila donc un ouvrage quasi satirique, qui pourra nous éclairer, ou nous décevoir : nous n’avons plus vraiment d’idéal, plus vraiment de modèle politique de remplacement, mais des élites plutôt brillantes (même si contestables)

C’était probablement l’inverse en 1792…

Un film restitue superbement l’ambiance du livre, l’esprit. Le film RIDICULE, qui me semble loin d’être si caricatural que certains ont pu le penser, pour ceux qui ne l’aurai vu, je vous le conseille, ne serait-ce que pour les dialogues et une jolie distribution.

Yohann, français moyen ;-)

Ebibliophilie.com contient plus de 600 000 résultats de vente aux enchères de livres.

Le moteur de recherche des historiques est en accès gratuit jusqu’à l’été 2012.

(1) (2)

Si l’analyse fréquentielle vous intéresse voici plusieurs petits outils :

1 – Il faut partir d’un texte brut ou avoir numérisé + OCR un livre entier.

2 – Sur notre site l’outil permettant d’analyser le poids relatif du mot dans le temps : www.ebibliophilie.com/stats_words.php

3 – Sur la même page (a venir), l’outil Excel (activer les macros) permettant d’analyser les fréquences d’un mot dans un texte. (l’outil apporte quelques correctifs… )

4 – http://fr.wikipedia.org/wiki/N-grams

5 – Lien pour le télécharger sur GoogleBooks, cliquez ICI.

Et pour le plaisir l’analyse fréquentielle des programmes PS & UMP, tout au moins ce qu’on peut retrouver sur le site.

Un peu clivant…, mais à peine.

Vert = mots similaire.

Rouge / Bleu : mot clivant, on remarquera que les verbes ne sont pas conjugués aux mêmes temps ;-)

(3)

LinkWithin

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...