dimanche 15 mai 2011

Octave Uzanne et les plumitifs de la presse quotidienne (1919).


Voici la dernière carte-lettre autographe d'Octave Uzanne entrée depuis peu dans ma collection. Elle est intéressante en cela qu'elle révèle un peu du caractère abrupt et tranché du maître envers les journalistes "les plumitifs de la presse quotidienne" comme il l'écrit lui-même.



Voici la retranscription de la lettre :

62, Bd de Versailles St-Cloud-Montretout (S&O)
Ce 16. VI 19. (16 juin 1919)

Mon cher ami, M’étant présenté à la maison des journalistes, j’ai du fournir, en hâte, les noms de deux témoins ; je me suis permis de joindre le vôtre à celui d’un autre camarade de plume – je tiens à vous le dire, n’ayant pu m’autoriser de vous-même. Je crois, d’après ce qui me fut dit, qu’on est assez grincheux dans cette maison, vis-à-vis des gens de lettres qui se présentent et qu’on réserve le meilleur accueil aux simples plumitifs de la presse quotidienne. J’ai toutefois pris votre patronnage (sic) si indépendant, si littéraire, si inféodé à la haute critique et au livre. Je ne me blesserais pas d’un refus. Tout arrive aux vieux de la vieille dont je suis. Croyez moi bien affectueusement votre,

Octave Uzanne



Cette carte-lettre conserve une bonne part de mystère. De quoi est-il question lorsqu'il évoque "les noms de deux témoins" qu'il devait fournir à la maison des journalistes ? Quel est ce correspondant mystérieux dont Uzanne réclame "le patronage si indépendant, si littéraire, si inféodé à la haute critique et au livre" ? Un critique littéraire certainement, mais qui ?

Quelqu'un sait-il quelque chose de cette Maison des journalistes ?

Octave Uzanne aimait à employer ce terme de plumitif à l'égard des journalistes. Il écrit dans Barbey d’Aurévilly (Paris, A la Cité des Livres, 1927) : "Les petits plumitifs de la presse boulevardière qui, pour la plupart, ignoraient son oeuvre ou ne la pouvaient comprendre, s’amusaient de cette vision d’un vieux beau portrait d’ancêtre sorti de son cadre. En grande majorité, ils s’évertuèrent au cours de sa vie, à faire de la personne de cet écrivain hors de pair une effigie de fantoche extravagant, dont l’allure don-quichottesque méritait d’être bardée de ridicule et s’offrait non moins risible que le costume désuet et le maintien hautain."

Bon dimanche,
Bertrand Bibliomane moderne

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