jeudi 26 mai 2011

Histoire d'une librairie : La librairie Giraud-Badin, Paris.


La librairie Giraud-Badin, située à l'angle de la rue de Fleurus et de la rue Guynemer.
Tous droits réservés Librairie Giraud-Badin


Ce que j'aime dans mon métier, dans l'expression de cette passion qu'est pour moi l'accompagnement un bout de chemin des livres anciens de collection, c'est aussi le partage que je peux faire avec d'autres de l'histoire du livre, de l'histoire de la librairie ancienne et de nos histoires partagées. Il y a de ces librairies qui par leur prestige et leur longévité imposent le respect le plus mérité. Sans la connaitre vraiment pourtant, je pense que la librairie Giraud-Badin, à Paris, est de ce nombre.

Je me suis permis de demander à cette librairie l'autorisation de publier dans les colonnes du Bibliomane moderne l'historique de cette librairie, historique que j'ai trouvé fort intéressant et utile à tous ici.

Le voici donc. Bonne lecture.

"La librairie Giraud-Badin est une librairie parisienne créée en 1917, dont le fondateur et les directeurs successifs ont joué un rôle éminent dans les domaines de l’expertise du livre ancien et de la bibliographie savante.

La librairie Giraud-Badin est depuis son origine l’un des hauts lieux de la bibliophilie à Paris. Son activité, historiquement centrée sur l’expertise dans les ventes publiques, lui vaut une renommée internationale. Louis Giraud, son fondateur, naît le 24 juin 1876, dans une famille de médecins lyonnais. Ne désirant pas embrasser sa carrière prédestinée, il débute, après des études de droit, au Crédit Lyonnais. De santé fragile, il cesse toute activité entre 1906 et 1914 et s’initie alors au livre ancien. Il ouvre sa librairie à Paris en mai 1917, 69 avenue Mozart, sous le double nom de son père (Giraud) et de sa mère (Badin). Le 1er février 1919, il entre à la librairie d’Henri Leclerc, successeur de Léon Techener dont le père, Joseph, avait fondé en 1834 le Bulletin du bibliophile. En janvier 1923, il succède à Henri Leclerc, qui lui transmet en même temps le Bulletin, alors dirigé par Fernand Vandérem. Dés 1921, il s’attache H. Émile-Paul (1870-1959), fils de l’expert propriétaire des salles Silvestre devenus des Bons-Enfants et éminent bibliographe, qui fera toute sa carrière au sein de la librairie.

Louis Giraud reprend surtout alors la fonction d’expert dans les ventes publiques, tradition dans les librairies Techener et Leclerc et activité qui donnera tout son lustre à son nom. Durant vingt-cinq ans, il sera l’animateur éclairé de 438 ventes publiques, parmi lesquelles celles de nombreuses bibliothèques aux noms restés fameux : Sarah Bernhardt, Bethmann (1923), le comte de Suzannet (1923-1938), Armand Ripault, Eugène Renevey (1924), Marcel Bénard, Georges-Emmanuel Lang (1925), Hector de Backer, comte Foy (1926), Gabriel Hanotaux, château de la Roche-Guyon (1927), Edgar Mareuse (1928), Dr P. Portalier (1929), Pierre Louÿs (1930), L.-A. Barbet, George Blumenthal, le duc Robert de Parme (1932), duchesse Sforza, Maurice Escoffier (1933), Lucien Gougy (1934), Mme Théophile Belin (1936), Georges Canape, comte Greffulhe (1937), Fernand Vandérem (1939-1940), Chadenat (1942-1950), Marc Merle (1945), Achille Perreau (1946), etc.

Malgré des difficultés innombrables, Louis Giraud maintient la publication du Bulletin du bibliophile, dont il assure la direction entre 1938 à la mort de Vandérem. Il éditera de nombreuses bibliographies, entre 1924 et 1932, abritera Commerce, la revue de Paul Valéry, Léon-Paul Fargue et Valéry Larbaud. Il portera haut le titre d’Expert de la Bibliothèque nationale, titre unique et accordé depuis lors à ses successeurs. Quittant les anciens locaux de la librairie Leclerc, au 219 rue Saint-Honoré, il s’installe au 128 boulevard Saint-Germain en octobre 1928. Il se retira, sa vue déclinant, en octobre 1953, laissant les destinées de la librairie à Lucien Lefèvre, son collaborateur depuis de longues années, associé au jeune Claude Guérin, entré dans la librairie en 1951.Celui-ci prend seul els commandes de la maison à la mort de Lucien Lefèvre en 1966. En 1969, il fera renaître le Bulletin du bibliophile dont la publication était interrompue depuis 1962 et soutiendra sans faille son existence. Publiée sous l’égide de l’Association internationale de bibliophilie (AIB), la revue est éditée par Promodis depuis 1978 puis par Electre. Si Louis Giraud, décédé le 11 décembre 1960, laisse une image d’amateur-né, son successeur Claude Guérin, par son charisme et son action, donnera un éclat tout particulier au nom de son prédécesseur, conservé dévotement.

Tout au long d’un carrière de plus de quarante ans, il a pu s’enorgueillir de l’organisation de 432 ventes publiques, dont celles de bibliophiles prestigieux parmi lesquels : André Hachette (1953), Abel Lefranc (1954), Jean Tannery (1954-1955), Louis Giraud-Badin (1955), Marcel Loncle (1956-1962-1963), Jacques Millot (1958-1975-1991), Tudor Wilkinson (1961-1970), Louis Cartier (1962), le colonel Sicklès (1962-1963), Villebœuf (1963), Jean Meyer (1964), Lazard (1971), Antoine Vautier (1971-1977), la comtesse Niel (1973), Sczaniecki (1974-1975), A. Abdy (1975-1976), Marc Pincherle (1975), Jules Marsan (1976), Sacha Guitry (1976-1977), Maxime Denesle, Robert van Hirsch (1978), R.-E. Cartier (1979), Francis Kettaneh (1980), Léon Dirkx (1981), Jacques Dennery (1984), Fernand Poupillon (1984-1985-1986), Jacques Guérin (1984 à 1991), Van der Elst (1985-1988), Henri-Marie Petiet (1991 à 1993)...


En 1978, Claude Guérin rachète L’Artisan du livre, libraire-éditeur établi 22 rue Guynemer, face au jardin du Luxembourg, et y transfert une partie de ses activités. En 1980, il quitte définitivement le boulevard Saint-Germain pour la rue Guynemer ; l’étendue des locaux sur deux niveaux permet l’organisation d’expositions de reliures : Pierre-Lucien Martin (1978), Monique Mathieu (1981) et la première exposition personnelle de Jean de Gonet (1982). La réduction de la superficie du local fera cesser ces animations.

Claude Guérin dirigera la librairie jusqu’à sa mort brutale le 23 juin 1993, en association avec Dominique Courvoisier, entré chez lui comme novice en 1969 et grandi sous l’aile de Nicha Lévy, ancienne collaboratrice de Jacques Guignard à l’Arsenal et bibliographe de la librairie jusqu’en 1981.

Depuis la disparition de Claude Guérin, la librairie poursuit son activité selon sa vocation, illustrant une renommée constante depuis sa formation, sous la seule direction de Dominique Courvoisier. Expert dans plus de 400 ventes (dont plus de 130 depuis 1993), celui-ci complète régulièrement la liste des noms qui dorent le blason de la maison : Roger Paultre (1993), C. Zafiropulo et Jean Lanssade (1993-1994), Jacques Guérin (1994-1997), H.-M. Petiet (1994-2003), Jean Meyer (1996-1997), Robert Fleury et Frédéric Anne Max (1997), Joseph, Antoine et Pierre Dumas (1998), Philippe Zoummeroff (1999-2005), Duménil (2002), Chéron (2002), Hamon (2002), Wittock (2004), Louis Jouvet (2005), Léonce Laget (2005), Comte Emmanuel d’André (2006), Léo Larguier (2006), Yves Lévy (2006), Pierre Lévy (2007), Lebédel (2007-2008), Gaston Gradis (2008), Jean Meyer (2009), Kitani (2009), Gentilhomme (2009), Vicomte Couppel du Lude (2009), Puech (2010).

La Librairie est donc l’héritière d’une prestigieuse lignée d’experts :
- Jacques-Joseph Techener (1823-1863) - Joseph Léon Techener (1863-1887) - Henri Leclerc (1887-1923) - Louis Giraud-Badin (1917-1951) - Lucien Lefèvre (1951-1966) - Claude Guérin (1951-1993) - Dominique Courvoisier (1986)"

Droits réservés, Librairie Giraud-Badin, 2011.


La page d'accueil du site internet de la librairie Giraud-Badin


Merci à la librairie Giraud-Badin pour cette diffusion, nous aurons bientôt quelques clichés de cette librairie que nous ajouterons en temps utiles.

Bonne journé,
Bertrand le Bibliomane moderne

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