lundi 28 mars 2011

Le Militairiana de Charles Jacque publié chez Aubert vers 1840, ici dans sa version coloriée et gommée à l'époque. Un album assez rare.



L'attrait de l'illustration et de la couleur pour les livres de la période 1840-1850 fait son chemin dans mon cerveau biblio-reptilien. Voici donc une de mes dernières acquisitions dont je suis, bêtement, assez fier. Remarquez que ce devrait être systématiquement bêtement lorsqu'on se sent fier d'une chose pour laquelle on ne compte pour rien. Encore que le collectionneur de ce genre d'ouvrages, en tant que "conservateur", a sa petite part de responsabilité dans la sauvegarde de ces livres qui, en général, finissent à l’équarrissage chez les bouchers-estampophiles. Voici donc, disais-je, un album complet de ses 20 planches lithographiées, coloriées et gommées à l'époque au pinceau, de son titre imprimé en deux tons (noir et bistre), le tout dans son cartonnage de l'époque en papier vert, dont le premier plat est lithographié en noir et reprend la page de titre de l'album. L'album est en excellent état, quelques usures aux coins, sans plus. L'intérieur est très frais. Pas ou très peu de rousseurs pour un papier vélin épais bien blanc. J'ai retrouvé la trace de cet album dans le catalogue de la maison Aubert et Cie, éditeur, libraires et imprimeurs, place de la Bourse, n°29, à Paris. Ce catalogue se trouve dans un autre album que je possède et dont je vous parlerai certainement très bientôt (Nouveaux voyages et nouvelles impressions lithographiques, phylosophiques (sic) & comiques de MM. Trottman et Cham, Paris, Aubert et Cie, s.d.). Le catalogue Aubert qui se trouve à la fin, indique : Militairiana, charges burlesques, par M. Jacques (sic). Grandes caricatures, in-4 jésus. En noir, cartonné 12 fr. En couleur, cartonné, 14 fr. Contrairement à d'autres albums de caricatures du même éditeur et de la même époque, l'écart entre la version en noir et la version en couleurs n'est que de 2 fr. Or l'écart couramment constaté est le plus souvent de 5 fr. au moins, voire 10 fr. Mais je crois que le peu d'écart de prix entre les deux versions s'explique assez facilement. Regardez plutôt.

Que constatez-vous ? Du rouge ! Du bleu ! Du blanc ! Du rouge ! Du bleu ! Du blanc ! ... rares sont les autres couleurs. Ce coloriage "militaire" bleu blanc rouge ... était assez simple... il demandait certainement beaucoup moins de travail aux petites mains que ne pouvait en exiger un album de Gavarni sur les mœurs des parisiennes avec leurs longues robes aux couleurs toujours changeantes.

Le militaire est par nature triste et monotone... enfin ... avis tout à fait illégitime d'antimilitariste forcené ! C'était un exploit pour moi de faire entrer cet album dans ma collection... même si le sieur Charles Jacque s'en est donné à cœur joie avec les clichés du militaire dans toute sa splendeur. Je sais bien en écrivant cela que je vais m'attirer les exocet de tous les afficionados du général Bigeard ... mais bon... quand on a fait son armée dans le service de santé, qu'on s'est levé à 10h tous les matins pendant 10 mois, qu'on a passé ses journées à compter les trombones dans le bureau du capitaine entre deux piratages de jeux vidéos, succombé aux délices des diners chez ce même capitaine qui se commandait à noël pour toute sa famille (y compris les cousins...) des parures de stylo Mont Blanc ... que peut-il bien rester de l'esprit patriotique et va-t-en guerre ? Je vous le demande ? ...


Je vous laisse admirer le coup de crayon lithograhique de Charles Jacque (*) ! Un maître du genre ! pourtant assez peu connu pour ses caricatures... Il n'avait alors (vers 1840) qu'une trentaine d'années lorsqu'il collabora au Charivari notamment.


Cliquez sur les images pour profiter du trait mordant de Ch. Jacque.






















Bonne soirée,
Bertrand Bibliomane moderne


(*) Charles Émile Jacque, né à Paris le 23 mai 1813 et mort à Paris le 7 mai 1894, est un peintre animalier et graveur français, représentant, avec Jean-François Millet, de l'École de Barbizon. La légende raconte que, fuyant l'épidémie de choléra qui frappait Paris, Charles Jacque s'installe en août 1849 à Barbizon avec Jean-François Millet. Dès ses premières oeuvres, les motifs qu'il affectionne sont d'inspiration rurale ou champêtre : c'est le pâtre et son troupeau de moutons ou de porcs dans la nature ou dans la cour de la ferme, les basses-cours picorant sur un tas de fumier, etc. Il est le témoin objectif et amusé de toutes les scènes de la vie rurale. Il trouve son inspiration dans les paysages de l'Île-de-France, la Bourgogne, le Béarn, la Bretagne, etc. Outre sa peinture, Charles Jacque est célèbre pour ses eaux-fortes. Il participe au renouveau de cette technique au XIXe siècle. Il débute très tôt sa carrière de graveur (dès 1836). Après avoir réalisé des gravures de reproduction d'après les maîtres hollandais, Jacque s'adonne à la gravure originale. Aidé par son ami Auguste Delâtre (1822-1907), qui fera ensuite la carrière qu'on connaît, il imprima ses premières série d'eaux-fortes. Baudelaire a dit de lui pour le Salon de 1845 : « M. Jacque est une réputation nouvelle qui ira toujours grandissant, espèrons-le. Son eau-forte est très hardie et son sujet très bien conçu. Tout ce que fait M. Jacque sur le cuivre est plein d'une liberté et d'une franchise qui rappelle les vieux maîtres ». Henri Béraldi a distingué deux périodes dans sa carrière. La première est celle plus spontanée de petites vignettes d'inspiration hollandaise. La seconde, celle de la notoriété, est celle de la production de planches plus grandes d'où s'estompe, pour reprendre les termes d'Olivier Fanica, « le caractère hollandais de son œuvre ». La vie était difficile pour un artiste chargé de famille. Pour nourrir sa famille, Jacque fournit de nombreuses dessins (gravés sur bois) pour les livres. Citons, parmi ces nombreux livres, Le Vicaire de Wakefield d'Oliver Goldsmith, La Chaumière indienne, une nouvelle publiée avec Paul et Virginie, La Grèce pittoresque de Christopher Wordsworth, Versailles ancien et moderne d'Alexandre de Laborde. Il livra aussi quelques dessins pour le journal "L'Illustration" (en 1851). Il fut aussi un excellent caricaturiste et livra de nombreuses lithographies amusantes pour le Musée Philipon et le Charivari. En 1843, il réalise des gravures sur acier pour l'un des plus beaux livres édité au XIXe siècle: "Contes du temps passé" de Charles Perrault paru chez Curmer. Ses représentations animalières s'adressaient particulièrement aux amateurs de beaux animaux que la zootechnie naissante proposait aux éleveurs avertis. Ses moutons de prédilection sont des mérinos, race en vogue à cette époque. Ses volailles correspondent aux belles races dont les amateurs s'entichent alors. Il écrivit une des premières monographies sur l'élevage de la volaille. Cet ouvrage "Le Poulailler" publié par la Maison rustique en 1857, fut réédité une dizaine de fois. A cette époque, à Barbizon, il se lance même dans la vente par correspondance d'oeufs de poules sélectionnées... Mais il ne faut pas parquer Charles Jacque avec ses moutons ou ses volailles. Son talent nous prouve qu'il fut un des maîtres de l'Ecole de la Nature de 1830, appelée aussi Ecole de Barbizon. Deux fils de Charles Jacque, Emile (1848-1912) et Frédéric (1859-1931), furent d'excellents peintres paysagistes et animaliers. (Source Wikipedia).

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