mercredi 30 juin 2010

Pensez-vous que la passion de la bibliophilie puisse vous abandonner un jour ?




Telle était la question que le Bibliomane moderne vous posait ces dernières semaines en guise de mini-sondage (colonne de gauche du blog).

Vous avez été 88 lecteurs à répondre à cette simple question qui recouvre sans doute pourtant tout le fonctionnement d'un monde : le monde bibliophile. Micropolis pourrait être son petit nom si l'on ne devait s'en référer qu'au nombre infiniment restreint de ses habitants. Mégalopolis pourrait-on l'appeler si l'on devait faire référence aux excès de certains à travers les temps (je pense présentement à Boulard et ses montagnes de livres). Une petite ville grouillante, frémissante et pourtant si calme ! Nous avions déjà essayé d'évoquer (sans grand succès) le nombre de bibliophiles de par le monde... peine perdue ! Le bibliophile est discret. Le bibliophile se cache. Le bibliophile est maladivement timide. C'est peut-être pour cela que je préfère m'auto-affubler du sobriquet de Bibliomane moderne... c'est plus dans mon caractère.

Bref, 88 votants donc. A la question : Pensez-vous que la passion de la bibliophilie puisse vous abandonner un jour ? 14 répondent oui (15%), 66 répondent non (75%) et enfin 8 ne savent pas (9%).

Réponse sans appel malgré ce petit échantillon de réponses. 75% des bibliophiles (et bibliomanes) pensent que cette passion ne les abandonnera pas ! Étonnant ? En fait je ne pense pas. Question passions, j'en ai eu... pêche à la mouche, culture des bonsaï, peinture de figurines en plomb, jeux de rôles, aéromodélisme, etc. J'ai essayé beaucoup de choses. L'amour du livre que j'ai touché du doigt il y a maintenant près de 20 ans ne m'a jamais abandonné. Je dirais même que cette passion s'est renforcée de jours en jours. Avec ses joies et ses peines. Et bien souvent plus de peines que de joies. Jésus nous dirait que c'est bien cela justement la passion !

Gageons que celui qui s'intéresserait aux livres anciens (ou modernes), aux livres dits "de collection" pendant un an, même deux, puis qui arrêterait net sa fougue dans la recherche ou l'amour des pièces rares, ne serai pas vraiment un bibliophile... un collectionneur de livres pour un temps... Je sais qu'en disant cela je vais m'attirer les foudres de ceux qui pensent le contraire. C'est la passion qui continue...


Bonne journée,
Bertrand

mardi 29 juin 2010

Une belle reliure aux armes du roi d'Espagne (1772)




Voici une photographie de la reliure dont les armoiries ont été identifiées hier grâce à la perspicacité des lecteurs français et espagnols du Bibliomane moderne. Qu'ils en soient tous vivement remerciés.

Un lien montre une reliure aux mêmes armes : http://encuadernacion.realbiblioteca.es/index.php?p=book&i=1439

En espagnol cela donne :

Super libros de Felipe V en el reinado de Fernando VI.

Escudo cuartelado: Castilla, 1º y 4º, De gules, castillo de oro con tres torres mazonado de sable y aclarado de azur; León, 2º y 3º, De plata, león rampante de púrpura coronado de oro, linguado y uñado de gules; entado en punta de este cuartel, Granada, De plata, granada de oro rajada de gules, tallada y hojada de dos hojas de sinople; Aragón, De oro, cuatro palos de gules; Dos Sicilias, De plata, cuartelado en sotuer, 1º y 4º de Aragón, 2º y 3º, De plata, un águila de sable, coronada de oro, picada y membrada de gules; Austria, De gules, faja de plata con bordura; Borgoña moderna, De azur, sembrado de flores de lis de oro y bordura componada, cantonada de plata y gules; Borgoña antigua, bandado en cuatro bandas en oro y azur con bordura componada de plata y gules; Brabante, De sable, león rampante de oro, linguado y uñado de gules; entados en punta y partido, Flandes, De oro, león rampante en sable, linguado y armado de gules y Tirol, De plata, águila de gules, coronada, picada y membrada de oro, cargada el pecho de un creciente trebolado de lo mismo, y sobre el todo, diferencia de Francia o escusón de azur con tres lises de oro, dos en jefe y una en punta, en bordura de gules. Al timbre, corona real de ocho florones (cinco vistos) y ocho perlas (cuatro vistas), con cuatro diademas; collar de la Orden del Toisón de Oro en eslabones dobles entrelazados de centellas, pendiendo al cabo cordero con su lana; collar de la Orden del Espíritu Santo en cadena con lises centelleantes en eslabón y pendiendo al cabo cruz de ocho puntas abrigando paloma de plata.

Le livre présenté ci-dessus a été imprimé en 1772 à Mexico. Ce qui pose un problème de date puisque Ferdinand VI meurt en 1759, sans descendance.

La question reste donc encore posée.

Bonne journée,
Bertrand

lundi 28 juin 2010

Si vous avez 150.000 euros ou plus à dépenser je vous dis : Histoire intellectuelle de Louis Lambert (1833),un des deux exemplaires connus sur Chine.





La vente c'est demain ! Alors il va falloir savoir faire tourner ses neurones à plein régime rapidement ! Je n'ai pas eu le temps matériel de publier avant le compte-rendu de présentation de cette (encore) belle vente de livres proposée par la maison Pierre Bergé.

308 lots et un n°150 à vous couper le souffle (pour les plus émotifs) !

Il y en aura demain pour tous les goûts. La vente s'ouvre par quelques autographes (Bonaparte, Chateaubriand, Colette, Henri IV, Hugo, Hergé, Sand, Zola, etc), du n°1 au n°100, soit près d'un tiers du catalogue.

Ensuite viennent les livres anciens dans divers thèmes : littérature, médecine, voyages et ornithologie. Du n°101 au n°233. La dernière partie du catalogue étant réservée aux curiosa, du n°234 au n°308 et dernier.

Un catalogue riche, bien divisé et bien proportionné selon trois axes. Du beau travail !

Si je n'avais qu'un seul livre à acheter dans ce catalogue pourtant bien fourni ce serait sans l'ombre d'une hésitation le n°150 : Histoire intellectuelle de Louis Lambert par Honoré de Balzac. Paris, Gosselin, 1833. In-8 velours vert (reliure de Spachmann) dans son coffret en bois. Un des deux seuls exemplaires connus imprimés sur papier de Chine. Celui-ci offert à Madame Zulma Carraud par Balzac avec tous les égards dus à une femme qu'il connaissait bien, mais lisons plutôt l'excellente et longue notice que nous livre le catalogue (la notice doit être due au travail de Dominique Laucournet, expert pour les livres de cette vente).


Lisez plutôt :

BALZAC, Honoré de. Histoire intellectuelle de Louis Lambert [Fragment extrait des Romans et contes philosophiques]. Paris, Charles Gosselin, 1833 ; in-18 velours vert émeraude, dos portant le nom « Louis Lambert » en lettres dorées, tranches dorées (Reliure de Spachmann). PREMIÈRE ÉDITION SÉPARÉE, CONSIDÉRABLEMENT AUGMENTÉE, EN PARTIE ORIGINALE. PRÉCIEUX EXEMPLAIRE SUR PAPIER DE CHINE, OFFERT PAR BALZAC À ZULMA CARRAUD, PRÉSENTÉ DANS UN COFFRET EN MARQUETERIE DE BOIS PRÉCIEUX, AUX INITIALES ZC, RÉALISÉ À LA DEMANDE DE BALZAC. UN DES DEUX EXEMPLAIRES SUR CHINE. Le deuxième exemplaire sur Chine est celui pour Madame Hanska annoncé par Balzac dans sa lettre du 19 août 1833 « Je vous envoie à l'adresse d'Henriette Borel, par le départ de demain, un Louis Lambert unique sur papier de Chine... ». C'est en Juillet 1832, à Angoulême, chez ses amis Carraud, que Balzac transforme ce qui n'était encore qu'un manuscrit en la Notice biographique sur Louis Lambert. « Une oeuvre où j'ai voulu lutter avec Goethe et Byron, avec Faust et Manfred et, c'est une joute qui n'est pas encore finie, car les épreuves ne sont pas encore corrigées ». écrit-il à sa soeur Laure le 20 Juillet. Zulma Tourangin, épouse du commandant François Michel Carraud, était une amie de longue date de l'écrivain. Ils s'étaient rencontrés enfants, lors d'une visite de Zulma à son cousin germain Alix Tourangin, pensionnaire, comme Balzac au collège de Vendôme et ils se revoient lors de l'installation des Carraud à l'Ecole de Saint Cyr en 1818. Exilés par la monarchie de Juillet à la Poudrerie d'Angoulême, Balzac leur rend visite, sensible au calme et à la liberté que lui laissent ses hôtes. Au sein de la complexe constellation féminine qui entoure Balzac, Zulma Carraud tient une place dont elle est jalouse. Toujours lié à Madame de Berny, Balzac a eu l'année précédente une liaison avec Olympe Pélissier, rêve d'un riche mariage avec Caroline Deurbroucq en même temps qu'il fait la cour à la marquise de Castries et commence sa correspondance avec la mystérieuse inconnue, Madame Hanska. Zulma qui n'a que trois ans de plus que lui joue le rôle de l'amie de tête, dont l'admirative affection n'est pas exempte d'une rude franchise. Républicaine et fidèle à un mari qu'elle n'aime pas, elle se moque autant des opinions royalistes de Balzac qui brigue alors un mandat de parlementaire qu'elle le retient quand la chasteté lui pesant, il se hasarde à la séduire. Cet été-là est presque tout entier sous le signe de Louis Lambert. Avant de la rejoindre à Genève il envoie à Madame de Castries la lettre teintée de masochisme de Louis à Pauline de Villenoix, « Ange aimé, quelle douce soirée que celle d' hier ! que de richesses dans ton cher coeur..... ». Madame de Berny se sent intimidée par l'ampleur de l'oeuvre : « .....ami chéri ! quoi ne t'en rapporter qu' à moi pour ton L(ouis) L(ambert), pour une oeuvre à laquelle tu mets tant de prix ? Mais c'est une folie, mon bien cher, et si tu crois une femme capable de t'aider par ses jugements, pourquoi ne consultes-tu pas Mme Carraud ? je te dis en toute vérité que par les lettres que tu m'as lue d'elle et parce que tu m'en as dit, je la crois plus capable que moi, qui n'ai comme tu sais que mon sentiment guidé par l' instinct du coeur. » C'est donc à Zulma qui est surtout plus sensible aux mondes mystérieux où vit Lambert, que le romancier fait la lecture de l'oeuvre. Pièce centrale du futur « livre mystique », entre Les Proscrits et Seraphita, Louis Lambert est pour Balzac « le mysticisme pris sur le fait, le voyant marchant à sa vision, conduit au ciel par les faits, par ses idées, par son tempérament. » Les opinions politiques de Zulma ne l'empêchent pas de partager ces effusions de l'âme. Balzac lui ayant fait part de son désir d'améliorer son livre pour une seconde édition lui demande « Si vous aperceviez quelque chose qui manquât, dites le moi bien. » et, répondant le 16 décembre 1832 à ses remarques, il annonce : « Ah vous serez fière de Lambert ! Il y a bien des heures, des jours, des nuits passées à cet ouvrage depuis le jour où je vous l'ai lu. Personne ne saura ce qu' il coûte. Vous en aurez un bel exemplaire. ». Le 25 janvier 1833, au moment de l'impression de la deuxième édition, il précise « Quant à Lambert, vous allez recevoir bientôt, chez M. Sazerac, un petit paquet qui contiendra mon offrande. Pour vous, il existe un exemplaire sur papier de Chine et qu'en ce moment les plus grands artistes en reliure, s'occupent de rendre digne de vous. Je vous en prie, ne le prêtez jamais. Vous savez quand vous faites de la tapisserie, chaque point est une pensée. Eh bien chaque ligne du nouvel ouvrage a été pour moi un abîme. Il y aura là des secrets entre nous deux. Gardez le bien ; je vous en mettrai un exemplaire vulgaire que vous prêterez, si tant est que vous puissiez le prêter à beaucoup de monde. Maintenant l'œuvre est bien plus complète, plus étoffée, mieux écrite ; puissé-je en faire un jour un monument de gloire ! ». Un peu plus loin, Balzac précise le caractère exceptionnel de cette offrande littéraire : « J'avais pensé vous joindre une lettre dans Lambert, une lettre d'envoi ; mais entre coeurs qui s'entendent, cela m'a paru petit. Cet exemplaire sera bien mieux dans la grâce inconnue de son secret. Vos mains si douces ne trouveront que de la soie à tourner dans ce livre, puisse t' il vous caresser également l' âme ». Touchée par cette intention, Zulma lui répond le 1er février : « Oh merci de celui (l'exemplaire en velours de soie verte) que vous me destinez si gracieusement. Non pas de lettre d'envoi. Je vous sais, tout supérieur que vous m' êtes, et cela suffit bien. Quant à prêter cet exemplaire, n'en ayez peur ; on ne le verra même pas ; je n'ai dit à personne, et ne dirai même pas que je l'ai ; il ne doit être touché que par moi, parce qu' il est le fruit d'une de vos pensées à moi toute personnelle ». Le 10 mars, l'envoi est encore retardé par l'écrin que Balzac lui destine : « Mon dieu, nous faisons tourner la tête aux ouvriers de Paris pour la chose la plus simple, une boîte pour mettre votre exemplaire de Louis Lambert ; néanmoins, elle sera faite, j'espère pour jeudi prochain, et vous l'aurez dimanche 17, si la diligence y met ses procédés ». Le 30 mars, l'écrin en palissandre marqueté à son chiffre n'est pas encore prêt et Zulma console Honoré : « Et ne sais je pas que vous avez pensez à moi en parfaisant Louis Lambert, que vous jouissiez de l'orgueil que j'aurais en le lisant ? Laissez donc vos ouvriers en paix faire le digne étui de Lambert, et travaillez tranquillement. » Enfin le 8 avril, Zulma peut écrire « Et Louis Lambert ! je l'ai, je l'ai lu, je l'ai couvé. » et après lui avoir fait quelques remarques, elle le rassure : « La jolie boîte décore ma chambre à coucher et aucune main profane n'y touchera. » L'importante correspondance entre Zulma Carraud et Honoré de Balzac nous met au coeur du lien très fort qui les unissait. Entre Madame de Berny, Madame de Castries et Madame Hanska, Zulma Carraud sera l'amie, la confidente, celle à qui il écrit le 2 juillet 1832 « ...Vous êtes une des âmes privilégiées auxquelles je suis fière d'appartenir... » il lui fait part de son départ « ...Ah ! si l'on avait voulu aller aux Pyrénées, je vous eusse vue, mais il faut que j'aille grimper à Aix, en Savoie, courir après quelqu'un qui se moque de moi peut-être ; une de ces femmes aristocrates que vous avez en horreur sans doute ; une de ces beautés angéliques auxquelles on prête une belle âme, la vrai duchesse, bien dédaigneuse, bien aimante, fine, spirituelle...un de ces phénomènes qui s' éclipsent ; et qui dit m'aimer, qui veut me garder au fond d'un palais, à Venise ...(car je vous dit tout à vous !)...Ah ! il vaudrait mieux être à Angoulême, à la Poudrerie...que de perdre et son temps et sa vie ! Adieu ; pensez qu' il y a en moi une âme et que cette âme aime à penser à vous... » Balzac va rejoindre Madame de Castries à Aix, espérant partir avec elle en Italie. Lors d'une dernière excursion à Genève elle mit brutalement fin à ses espérances. Il se réfugia chez Madame de Berny. Balzac effectua de nombreuses visites chez son amie Zulma Carraud : c'est à Frapesle que Balzac rédigea la Rabouilleuse et César Birotteau. Quelques extraits de lettres d'Honoré de Balzac à Zulma Carraud : « A Lyon j'ai encore corrigé Lambert, j'ai comme une ourse, léché le petit... » 2 ? septembre 1832 « ...un quart d' heure passé près de vous le soir, vaut mieux que toutes les félicités d'une nuit près de cette belle [Madame de Castries, note Pléiade, p.1373], et votre main de papier de Chine, puisque papier de Chine il y a, m'est mille fois plus précieuse que toutes les délices dont vous me menacer... » puis il parle de Lambert « ...Hélas Lambert est incomplet...dans la prochaine édition, il sera bien changé, bien corrigé. Si vous apercevez quelques choses qui manquât, dites-le-moi bien... » Nemours, vers le 25 novembre 1832 Documentation - Bibliographie : Le deuxième exemplaire sur Chine serait, selon la note de Thierry Bodin, « celui figurant sur le mémoire de Wagner & Spachmann, (Lovenjoul, A 340, F°363) 1 L.Lambert, 12, demi rel. Maroquin. Pap de chine » « pour 3 fr. celui pour Zulma Carraud, L.Lambert, rel. En velours doré sur tranche à 20fr. ». « Facture de reliure par Wagner et Spachmann des exemplaires précieux de Louis Lambert (Lov.A.340.f363) [Collection Spoelbesch de Lovenjoul, Bibliothèque de l'Institut de France.] Voir Balzac imprimeur et défenseur du Livre, Paris-Musées/des Cendres, 1995, article page 129 « Louis Lambert », « oeuvre de prédilection » et « livre de luxe », par Thierry Bodin. Thierry Bodin. Une amie de Balzac Zulma Carraud. Courrier Balzacien, nouvelle série, 9 janvier 1980. Nicole Felkay. Balzac et ses éditeurs, 1822 -1837, Editions du Cercle de la Librairie, 1987 Correspondance I ; (1809-1835). Edition établie, présentée et annotée par Roger Pierrot et Hervé Yon, Bibliothèque de la Pléiade, NRF, Gallimard, 2006. Expositions : EXEMPLAIRE AYANT FIGURÉ AUX EXPOSITIONS : - Honoré de Balzac, 1799-1850. Exposition organisée pour commémorer le centenaire de sa mort. Catalogue par Roger Pierrot, Jean Adhémar et Jacques Lethève, Préface de Julien Cain. Bibliothèque nationale, 1950, n°270, page 70. - Maison de Balzac, 1995-1996. Balzac Imprimeur et défenseur du Livre, n°227, page 228. Provenance : - Ancienne collection Philippe Hériat (arrière-petit-fils de Zulma Carraud). - Collection particulière (Paris). PORTRAIT DE ZULMA CARRAUD PAR EDOUARD VIENOT, SALON DE 1827, PARIS, MAISON DE BALZAC. Crédit photographique : © Maison de Balzac / Roger-Viollet. « J'AVAIS PENSÉ À VOUS JOINDRE UNE LETTRE DANS LAMBERT, UNE LETTRE D'ENVOI, MAIS ENTRE COEURS QUI S'ENTENDENT, CELA M'A PARU PETIT... » Honoré de Balzac à Zulma Carraud, 25 janvier [1833]

Il y a vraiment aussi dans cette vente de très beaux curiosa qui méritent qu'on s'y attarde. Je vous laisse faire votre choix libertin !

Voici les informations générales relatives à cette belle vente :

mardi 29 juin 2010 à 14h00

Drouot Richelieu - Paris SALLE 16

Importants livres anciens et modernes

Pierre Bergé & associés
EMail : contact@pba-auctions.com
Tél. : Paris +33 (0)1 49 49 90 00

INFORMATIONS SUR LA VENTE LIVRES ANCIENS & MODERNES AUTOGRAPHES & MANUSCRITS


CATALOGUE EN LIGNE ICI

Expositions publiques :
Lundi 28 juin 2010 de 11 heures à 18 heures
Mardi 29 juin 2010 de 11 heures à 12 heures

TÉLÉPHONE PENDANT LES EXPOSITIONS ET LA VENTE : +33 (0)1 48 00 20 16

Experts :

LIVRES


Dominique Laucournet
Tél. : +33 (0)1 49 49 90 14,+33 (0)6 08 89 64 68
dlaucournet@pba-auctions.com

MANUSCRITS

Renato Saggiori
Tél. : +41 22 348 77 55
renato@saggiori.com

Contact

Eric Masquelier
T - + 33 (0)1 49 49 90 31
M - emasquelier@pba-auctions.com

Dora Blary
T - + 33 (0)1 49 49 90 11
M - dblary@pba-auctions.com

AVERTISSEMENT

Ce catalogue contient des images qui ne doivent pas être vues ou perçues par des mineurs. Le fait de proposer le contenu de ce catalogue à la vue d’un mineur est passible de sanctions pénales.

Vos commentaires avant et après la vente sont les bienvenus et seront très appréciés des lecteurs du Bibliomane moderne qui ne peuvent pas se déplacer ou n'ont pu payer leur facture de téléphone en mai...

Bonne vente à tous !
Bertrand

Armoiries complexes...




Voici de belles armoiries complexes poussées sur un beau volume relié en maroquin du XVIIIe siècle.

Avez-vous des pistes pour identifier ces armes ?

Bonne journée,
Bertrand

Une très intéressante base d'ex libris anciens et modernes à découvrir (Ex Libris Jacques Laget)




Bonjour à toutes et à tous,

il est toujours intéressant de signaler en belle place les initiatives intéressantes et intelligentes. C'est ce que je veux faire aujourd'hui en vous signalant la mise en ligne d'un nouveau site internet entièrement consacré aux ex libris anciens et modernes.

Ce site est la propriété de M. Jacques Laget, libraire, éditeur et collectionneur d'ex libris. Le site Ex Libris Jacques Laget est un département de la s.a.r.l. Librairie des Arts et Métiers-Éditions, sise au 20 rue de Verdun, F-28210 Lormaye, France. L'adresse du site est http://www.ex-libris-jacques-laget.fr/ et vous pouvez joindre M. Laget par mail à lame@pelnet.com ou directement par courrier à l'adresse de la librairie :

LIBRAIRIE DES ARTS ET MÉTIERS


20 rue de Verdun
28210 LORMAYE

Tél: 02.37.51.44.29
Fax: 02.37.54.48.51

Ce site, nouveau dans le genre, très simple d'utilisation et très sobre dans sa présentation graphique, permet des recherches par nom du titulaire de l'ex libris recherché, par nom de l'artiste ayant réalisé l'ex libris ou bien par pays ou province.


Présentés sous forme de base de données, les ex libris présentés (à la vente) sont tous reproduits en photographie de bonne qualité en couleurs. En cliquant sur l'image ou sur le point i (informations), vous aurez accès à toutes les informations disponibles sur l'ex libris présenté, l'artiste, le propriétaire de la bibliothèque, la taille de l'ex libris, le descriptif héraldique lorsqu'il y a lieu, quelques informations biographiques et bibliographiques. Bref, tout ce que vous souhaiterez savoir sur l'ex libris présenté. Chaque ex libris est à vendre (il s'agit donc d'un site commercial), les prix affichés se situent entre 5 et 15 euros. Pour le moment le site présente un peu plus d'une centaine d'ex libris anciens et modernes, ce qui est peu, mais le site devrait s'étoffer rapidement pour proposer bientôt plusieurs centaines de références.


Au delà de l'intérêt commercial pour les collectionneurs d'ex libris, ce site devrait bientôt devenir une véritable mine bibliogaphique de référence sur le sujet. Une question ? Les ex libris vendus seront-ils retirés du site ou simplement marqués "vendu" ? J'avoue ma préférence pour la seconde solution qui permet de garder en mémoire la trace de toutes les pièces proposées au fil du temps. A voir.


Je vous laisse tester par vous même et vous faire votre idée.

Bonne semaine, Bertrand


samedi 26 juin 2010

Le Bibliomane moderne s'interroge : Pourquoi la plupart des bibliophiles dédaignent-ils les éditions pré-originales ?



Page de titre du premier volume d'une édition donnée par Brockhaus & Avenarius à Leipzig en 1845-1846 (6 volumes in-12).
L'édition originale de la Dame de Monsoreau ne sera publiée en France au format in-8 qu'en 1846 par Pétion (8 volumes in-8).



Le Bibliomane moderne s'interroge : Pourquoi la plupart des bibliophiles dédaignent-ils les éditions pré-originales ?

Bon samedi,
Bertrand

vendredi 25 juin 2010

De toutes les sortes de bibliomanes par le Bibliophile Jacob (Paul Lacroix), 1839.




Il passait sa vie au milieu des livres et ne s'occupait que de livres. (Ch. Nodier).

Les bouquinistes à la mode sont en quelque sorte patentés par les bibliomanes, qu'on aurait tort de confondre avec les bibliophiles et les bouquineurs. On pourrait distinguer plusieurs espèces de bibliomanes : les exclusifs , les fantasques, les envieux, les vaniteux et les thésauriseurs.

Le Bibliomane thésauriseur est heureux de posséder ses livres, parce qu'il les aime avec jalousie : sa bibliothèque est un sérail ou les eunuques même n'entrent pas ; ses plaisirs sont discrets, silencieux et ignorés : il ne permet pas à un ami la vue d'une de ses maîtresses, souvent fort peu dignes d'exciter l'envie ; il se persuade que nul rival ne lui dispute les attraits d'impression et de reliure desquels il est épris ; il jouit solitairement : il nie ses richesses, comme s'il craignait les voleurs ; il en rougit comme s'il les avait mal acquises ; il se fâche quand on le presse de questions à ce sujet, et il mentira plutôt que de s'avouer propriétaire d'un volume qu'il a légitimement acheté.

Ses livres gisent enfermés à triple serrure, cachés derrière un rideau opaque, semblable au voile de l'arche sainte ; encore ces précautions sont-elles rarement justifiées par la nature même des ouvrages, qui ne franchissent guère la rigoureuse catégorie de la morale et de la religion : il y a chez ces bibliomanes une passion concentrée, purement égoïste et nourrie de son propre aliment, passion qui se croirait profanée si l'objet n'était pas un mystère au monde.

Le Bibliomane vaniteux a de belles éditions, de splendides reliures, une bibliothèque bien choisie et bien rangée : il dépense des sommes immenses pour la compléter ; c'est un soin dont il se remet entièrement à un bouquiniste intelligent , à un bibliographe officieux; du reste, il ne lit pas, et souvent il n'a jamais lu : il collectionne des livres, comme il ferait des tableaux, des coquilles, des minéraux, des herbiers. Sa bibliothèque est une curiosité qu'il montre à tous , au premier venu, à des femmes, à des agents de change, à des enfants, peu lui importe que les gens sachent ce que c'est qu'un livre, et, qui plus est, un beau livre !

Le Bibliomane envieux désire tout ce qu'il ne possède pas ; et, dès qu'il possède, son désir change de but : sait-il que tel livre existe chez un amateur avec lequel il rivalise, aussitôt sa quiétude est aux abois ; il ne mange plus, il ne dort plus, il ne vit plus que pour la conquête du bienheureux livre qu'il convoite ; il emploie tout, jusqu'à l'intrigue et la séduction, pour attirer à lui le bien d'autrui ; les refus, les difficultés augmentent, irritent sa concupiscence ; bientôt il sacrifierait sa fortune entière à un seul instant de possession ; mais un rien , la découverte d'un second exemplaire du même livre, une critique en l'air, une réimpression, voilà cette impatience qui s'abaisse et cette ardeur qui se glace. Tout à l'heure l'envieux souhaitait la mort du maître de ce cher livre, afin de s'enrichir aux dépens du défunt ! Ce bibliomane est malheureux, comme tout envieux doit l'être , et son malheur recommence à chaque nouveau désir. C'est le Lovelace des livres : il en devient amoureux, et il les poursuit avec acharnement jusqu'à ce qu'il les ait entre les mains ; alors il les dédaigne, il les oublie, et il cherche une autre victime.

Le Bibliomabe fantasque n'adore ses livres que pour un temps ; il les recueille avec curiosité , il les habille avec générosité, il les installe avec honneur, il les entretient avec faveur ; tout-à-coup l'amour se lasse, se refroidit, s'éteint : le dégoût a commencé ! adieu, gentes demoiselles ! le grand Seigneur réforme son harem : aux Circassiennes succéderont les Espagnoles, aux blanches Anglaises, les négresses du Congo ; le grand Seigneur vend ses femmes à l'encan ; mais demain il en achètera de moins jolies qui auront pour lui le charme du caprice et de la nouveauté.

Le Bibliomane exclusif ne fait cas que d'un certain ordre de livres, et ne courtise ni les plus rares ni les plus singuliers ; il a une collection, c'est là son dieu et son âme ; tout ce qui est en dehors de sa collection ne l'intéresse pas ; mais il ne néglige aucune recherche, aucuns frais, pour étendre cette collection , pareille à ces immenses et informes monuments orientaux élevés sur le bord des chemins , avec les pierres que chaque voyageur y dépose en passant. Le bibliomane exclusif consacrera son temps, son argent et sa santé, à l'entassement d'une bibliothèque toujours curieuse, mais aussi toujours monotone. Ici, Pétrarque se multiple en douze cents volumes ; là, ce sera Voltaire en dix mille pièces réunies une à une, ou bien le théâtre seul fournira des milliers de brochures, ou bien la Révolution française régnera paisiblement sur des cimetières de paperasses.

En un mot, la bibliomanie la plus relevée et la plus illustre n'est pas exempte de manie ; et dans chaque manie on aperçoit aisément un grain de folie : or, Paris est à coup sûr le paradis des fous et des bibliomanes.

Observation générale : Ces nuances diverses du bibliomane sont peintes avec esprit et bien caractérisées, quoique les portraits soient quelquefois un peu chargés. Il y a bien entre toutes ces figures un certain air de famille , mais les traits principaux empêchent de les confondre. L'un est avare et jaloux de sa bibliothèque comme un sultan de son sérail ; un autre, au contraire, aime à la faire admirer ; un troisième est avide et amoureux des livres qu'il n'a pas ; celui-ci est inconstant ; il passe de l'amour au dégoût; celui-là est exclusif, comme celui qui n'aime que certaines physionomies. Cette personnification des livres en créatures douées de vie, et cette comparaison des manies qu'ils font naître avec les affections diverses qu'une moitié du genre humain inspire à l'autre, sont d'un effet très-comique. Le style a ce ton bref et cette verve plaisante qui conviennent à la peinture des ridicules. Toutefois le travers dont il est ici question , poussé fort loin chez quelques hommes , a des caractères particuliers et distincts , que l'auteur de ce fragment a eu tort de négliger : en ce genre, la plus ingénieuse création ne vaut pas un fait observé. Un bibliomane de bonne foi dirait à l'auteur qu'il n'a fait qu'une esquisse incomplète de son portrait. Ceci me rappelle le trait suivant. Lors de la vogue de la pièce des Cuisinières, où leurs tours sont spirituellement dévoilés , une dame crut devoir faire assister la sienne à l'une des représentations de ce vaudeville. « Hé bien, qu'en dis-tu , Marguerite ? — Ah ! Madame, ils en ont oublié la moitié. »

Le Bibliophile Jacob (Paul Lacroix). (*)

Et vous ? Vous êtes Bibliomane quoi ?

Bonne soirée,
Bertrand

(*) Extrait de Les Bibliomanes, article signé Paul Lacroix (Bibliophile Jacob) et publié dans Une lecture par jour, Nouvelles leçons de littérature, par A. Boniface, deuxième édition augmentée par Jules Janin, Mons, Librairie Manceaux-Hoyois, 1839, pp. 140-142. Le Bibliophile Jacob n'avait alors que 33 ans.

jeudi 24 juin 2010

Pour tous ceux qui aiment conserver et lire les beaux catalogues de beaux livres de bibliophilie.


Pour tous ceux qui aiment conserver et lire les beaux catalogues de beaux livres de bibliophilie.



Cliquez sur l'image pour l'agrandir


Les possédez-vous tous ?

Et vous, lesquels collectionnez-vous ?

Bonne soirée,
Bertrand

mercredi 23 juin 2010

Intermède d'actualité... Lettrine d'Heinrich Steiner, Augsbourg, 1533.


Lettrine d'Heinrich Steiner, Augsbourg, 1533.



Wuwuzella ?

Bonne journée,
Textor

lundi 21 juin 2010

Ce soir le Bibliomane moderne est uniquement sur Facebook.




Bonsoir,

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Bertrand

vendredi 18 juin 2010

Beaufort et Raison de Forges, deux bibliophiles chasseurs ?




Voici deux étiquettes imprimées nominatives autrement dit deux ex libris, contrecollés sur les gardes de papier décoré de deux volumes intitulés : Code des chasses ou nouveau traité du droit des chasses, etc. Paris, Prault, 1734. Ces deux volumes in-12, veau époque, ont très certainement appartenu à deux amateurs-chasseurs du temps de Louis XV.


C'est intéressant d'avoir deux provenances sur ce type d'ouvrages dont la thématique est précise. Ces deux amateurs de livres étaient-ils chasseurs ? étaient-ils des hommes de loi ? (en effet, ces deux volumes sont un digest de toutes les ordonnances relatives à la chasse suivant l'ordonnance de Louis XIV donnée en août 1669.

Je n'ai pas effectué de recherches particulières sur ces deux ex libris.

A suivre donc.

Bonne soirée,
Bertrand

jeudi 17 juin 2010

Les érotiques de Foujita.




Un autre mouton à cinq pattes est évidemment le verger des amours attribué à Guillaume Apollinaire. Mais, comme le signale Dutel, dans sa bibliographie des ouvrages publiés clandestinement en français, entre 1920 et 1970, rien n'est d'Apollinaire dans ce recueil entièrement composé par Pia.

Cette édition in-8 de 40ff., couverture rempliée en papier crème, imprimée en noir, et ornée d'un frontispice et de 5 héliogravures dans le texte par l'artiste L. Foujita et le tirage comporte 120 ex. sur vergé de Rives et 3 exemplaires nominatifs sur Chine (Pia1497).

En fait mon édition est la véritable originale, tirée à 10 exemplaires sur Japon ancien, accompagnés d'une suite des gravures tirées en sanguine, num. de 1 à 10 et de 90 exemplaires sur vergé de Rives à la forme, numéroté de 11 à 100 et comportant les pointes-sèches originales et non des héliogravures. Mon exemplaire contient d'ailleurs une dédicace de Pia au grand libraire Raoul Simonson.

Dutel ne décrivant alors que le second tirage, également rare, à 120 exemplaires mais contenant seulement des héliogravures de Foujita.

Je profite de l'occasion pour citer quelques autres ouvrages érotiques illustrés par Foujita dont deux, la Nonne et le Plaisir attrappé, seraient également, selon l'éditeur Eric Losfeld, attribués à l'artiste, mais je n'en suis pas persuadé, personnellement.

Fils d'un général, Tsuguhru Foujita grandit au japon pendant l'ère Meiji, époque d'ouverture du pays, à l'Occident. Il manifeste très tôt un goût pour la peinture et son père accepte rapidement sa vocation. Foujita entre en contact avec la France lorsque son œuvre est choisie pour représenter le Japon dans son pavillon de l'Exposition universelle de 1900, à Paris. Il n'a, alors, que 14 ans! Formé à l' École des beaux-arts de Tokyo, dans la section d'art occidental, il n'arrivera , en France, qu'en 1913. Il choisira Montparnasse comme son quartier de prédilection et découvrira le travail de Picasso et du Duanier Rousseau et fréquentera Apollinaire, G. Braque, Fernand Léger, Van Dongen et les peintres qui constituent déjà l'École de Paris dont il est considéré comme l'un des membres. Il devint alors célèbre en peignant des femmes, des fillettes, des chats et des autoportraits. A la suite d'une "révélation", Foujita se fait baptiser de manière catholique en 1959 et abandonnera son ancien prénom pour celui de Léonard, en hommage au grand peintre de la Renaissance.


Je terminerai cet article en décrivant les ouvrages suivants et une suite libre de 20 bois originaux qui me semble aussi particulièrement rare.

Jacques Brindejont-Offenbach, les Divertissements d'Eros, Poèmes d'amour, ornés d'aquarelles de Foujita, Jean Coren, éditeur, Paris, 1927, tirage limité à 296 exemplaires numérotés, petit in 4° en ff. ;158 pp. couverture rempliée. Illustré de 31 belles aquarelles , dont 9 hors-texte , coloriés au pochoir ainsi que 23 in- texte., également au pochoir.

Suite de 20 bois fort libres en couleurs dans un emboîtage in 4°; Comte d'Irancy, la Nonne, in 4° , en feuilles de 56 ff, couvert. rempliée en papier gris-vert avec la même illustration que la page de titre, dos titré et décoré d'une petite croix, chemise, étui en papier bleu de Prusse. Cette édition originale fut publiée dans les années 50 par Eric Losfeld et est ornée de 20 illustrations. Cet ouvrage, condamné, pour la première fois, le 6 février 1964 a été tiré à 250 exemplaires sur Hymen de Colombe.

Maria Combourg, le Plaisir attrappé, Philéas Fogg, in 8° de 120pp, 3 ff. , couverture imprimée en noir et rouge avec les mentions London - Calcutta-Melbourne. Edition originale ,publiée par Losfeld au milieu ds années 50 qui contient 19 ill. (et non 18, comme citait Dutel) et 1 couverture illustrée. L'ouvrage fut condamné pour la première fois le 21 septembre 1960.

Pierre Louys, Pybrac, Poésies, Cythère, au coq hardi, in 8°de 4ff. 98pp,3 ff; , couverture rempliée en papier rose, imprimée en noir, étui. Édition originale de cet ensemble de quatrains licencieux, publiée , en 1927, par René Bonnel. Elle est ornée , dans le titre, d'une vignette gravée par FOUJITA. Le tirage est de 5 sur japon et 100 exemplaires sur vélin d'Aches

Les photographies qui accompagnent normalement ce billet étant très libres, vous y aurez accès en cliquant ICI (galerie Picasa).

Bonne journée,
Le Vicomte Kouyakov

mercredi 16 juin 2010

Les chiffres posent presque toujours des problèmes aux bibliophiles...


Comme celui-ci par exemple :


Taille réelle : 22 x 19 mm (donc assez petit)


Si vous avez une idée ? Il est poussé au centre des plats de deux volumes in-12 reliés en plein maroquin rouge, vers 1850.

Bonne journée,
Bertrand

lundi 14 juin 2010

Histoire d’un enlumineur étourdi...


Je ne vous demanderai pas si le S
upplément à la Somme de Pisanelle, (Supplementum summae Pisanellae) de Nicolas de Osimo est votre livre de chevet !! J’admets volontiers que l’ouvrage qui traite des principes du droit canon et des procédures ecclésiastiques pourrait passer pour rébarbatif aux amateurs de gravures d’Eisen ou d’estampes de Daumier.

Rien d’emballant, donc, ceci dit, certains seront tout de même heureux d’y lire que l’ébriété n’est pas un pêché dans certaines circonstances, notamment quand on a bu du mauvais vin ou encore qu’on est en bonne compagnie… « Tout aux tavernes et aux filles », comme disait l’ami Villon qui avait du lire attentivement Nicolas de Osimo.

Fig 1 Première page du Supplementum


Le franciscain Nicolas de Osimo (ou Ausmo ou Auximo), était vicaire de Terre-Sainte vers 1427. Il nous explique lui-même au colophon du livre qu’il a écrit l’ouvrage alors qu’il était à Sainte Marie des Anges à Milan. Il est mort à Rome vers 1454, soit une trentaine d’années à peine avant cette édition publiée par Ulrich Zell à Cologne en 1483.

Mais l’important n’est pas là. Si j’ai sorti ce pavé de plus de 600 pages, ce n’est pas seulement pour l’aérer un peu mais parce qu’il contient quelques lettrines qui m’ont parues intéressantes pour évoquer le travail de l’enlumineur.


Fig 2 Lettre G



Fig 3 Lettre E pour Ebrietas !


La corporation des copistes et des enlumineurs du Moyen-âge m’a toujours fasciné. Ces artisans sont sortis des monastères au XIIIe siècle. Des ateliers vont alors se multiplier dans les grandes villes, et les ouvrages seront désormais réalisés par des laïcs. Le nom de ces copistes, plus encore que ceux des enlumineurs devenus des artistes à part entière, nous sont le plus souvent resté inconnu. Par chance, quelquefois, le copiste est content de son travail, et il signe à la fin de son ouvrage, comme le moine Fromond du ms 72 du Scriptorial d’Avranches : “ vive la main, qui s’applique à si bien écrire ! Si tu souhaites savoir le nom du copiste, sache que c’est Fromond, qui avec zèle a écrit ce livre de bout en bout. Ce qu’il a transcrit est très considérable… ” . Modeste comme un bloggeur !

Puis, l’Age d’or des pages manuscrites est passé. Que sait-on exactement de la situation des enlumineurs en ce dernier quart du 15ème siècle ? Peu de choses, on dirait que le métier s’est éteint dans l’indifférence générale, victime en quelque sorte de la révolution industrielle !

L’enlumineur des lettrines du Supplementum summae Pisanellae est resté définitivement dans l’ombre mais pour autant, il nous raconte une histoire : le mode opératoire de son travail.

Quand j’écris que l’ouvrage contient quelques lettrines, c’est faux, toutes les lettres de l’alphabet y sont peintes !! En effet, la Somme est organisée dans un ordre alphabétique, de A à Z, ce qui permet d’avoir un exemple coloré, et agrémenté de feuillage et de fleurs, de chacune des lettres gothiques.

J’imagine que notre enlumineur ne devait plus être très jeune, il avait appris son art quarante ans plus tôt, avant l’imprimerie, de maitres très habiles.

On lui avait enseigné à préparer sa page, c'est-à-dire à la régler et à la justifier pour définir des cadres (emplacements des lettrines, illustrations, du texte, etc.) et à tracer des lignes. En premier lieu, le scribe perçait des trous (appelés "piqûres" ou "trocarts") sur le bord de la feuille à l'aide d'une alène (subula) et d'un poinçon (punctorium), ces piqûres servant de guide pour sa règle (linea, regula). Celles-ci serviront enfin à tracer ses traits et ses lignes c'est la réglure, généralement au moyen d'une pointe sèche (stylus ferreus). Evidemment, depuis l’imprimerie, les choses étaient devenues plus simples puisqu’il appartenait désormais à l’imprimeur d’organiser l’espace.

Ceci étant fait, notre artisan prend sa plus belle plume, d'oie en général, mais la plume métallique est attestée au XVe siècle. L'enlumineur use idéalement de la fameuse plume d'aile de bécasse, dite "plume du peintre", pour ses tracés de toutes sortes, avant la mise en peinture de la page.

Puis il attaque son travail : Le scribe travaille à main levée, rappelons-le et, ce faisant, bloquait la page à l'aide de son canif, celui qui lui sert à retailler continuellement sa plume, comme on le voit sur la photo du bandeau du Bibliomane Moderne. En effet, Calamus et penna s'usent assez vite et, tout comme la mine de nos crayons modernes, leurs becs ont besoin d'être taillés. Le "taille-crayon" du copiste est un instrument tranchant que l'on nomme tantôt cultellus (petit couteau, genre canif), tantôt scapellus, ou encore artavus.


Fig 4 trois H


Toujours placées en début de paragraphe, Les lettrines sont en général de trois unités de réglure, creusant un alinéa, quelques-unes d’entre elles s’étalant sur six à dix unités, voire plus, quand leur haste montante ou descendante se prolonge par des fioritures dans les couloirs en marge des colonnes d’écriture.

Et j’en arrive à la particularité de l’ouvrage présenté : l’enlumineur a laissé à différentes reprises des lettrines non coloriées ou partiellement coloriées.

Ces oublis sont assez fréquents sur les incunables, sauf qu’ici, les lettrines non peintes sont diversement esquissées à la mine de plomb, ce qui permet de juger de la manière dont procédait l’enlumineur.

Au verso du feuillet 14, la lettrine B est dessinée en grisé et restera dans cet état alors que ses voisines ont été peintes et filigranées. On voit que la lettre n’est pas simplement esquissée mais complètement réalisée et ses pleins et déliés sont remplis, mais en gris.


Fig 5 Lettrine B non peinte



Fig 6 Lettrine B (détail)



Une autre lettrine, un beau T, a été partiellement dessinée et décorés d’un motif floral en rouge mais le remplissage de la lettre avec ses arabesques, probablement prévus en bleu, n’ont pas été réalisés; ils apparaissent néanmoins en grisé.

Fig 7 lettre T partiellement décorée



Fig 8 Même lettre


Enfin, dans cette dernière lettrine, encore une lettre T, les hastes et le dessin floral sont bien complets mais le remplissage en bleu est manquant.

Fig 9 Une autre lettre T incomplète dont les hastes occupent toute la page.


Pourtant sur de nombreux autres exemples, la couleur a été appliquée et on aperçoit parfois en dessous les restes d’un tracé de la lettre.

Fig 10 lettre N


Fig 11 Lettre I


Que pouvons-nous en déduire sur la procédure de réalisation des lettrines? Plusieurs mains travaillant sur les mêmes lettrines ? Un enlumineur étourdi et pressé qui oublie de terminer quelques lettrines – au final assez peu sur le nombre total ? Ou encore une pénurie de couleur bleue ?

Le bleu est obtenu à partir de différents matériau assez rare, comme l’oxyde de cobalt ou le carbonate de cuivre, voire même précieux comme le lapis lazuli.

Ce qui est certain c’est que le travail se déroulait en trois phases distinctes : le dessin de la lettres, puis sa décoration extérieure (fioritures, hastes) ou intérieure (motifs de feuillages ou de fleurs) avant d’appliquer la couleur de remplissage.

La rubrication quant à elle devait faire l’objet d’un travail distinct (et fastidieux !). Ici la couleur utilisée est le rouge-orangé. Pour rubriquer correctement l’ouvrage, il fallait lire le texte et tenir compte des pauses et du rythme de lecture puisque l’objet de la rubrication, comme celle des lettrines, est de faciliter la lecture et la compréhension du texte.


Fig 12


Pour ceux qui veulent en savoir plus sur la disposition de la lettrine dans le texte et son interprétation, il faut lire le passionnant article de Danièle James-Raoul sur « La poétique de la lettrine dans Le Roman de Silence » dans la revue CRMH de décembre 2005 :

« Les lettrines s’imposent comme une ponctuation rythmant la page manuscrite par les déchirures graphiques qu’elles produisent, à l’instar des alinéas dans nos textes modernes : elles sont un élément essentiel du paratexte, dont l’importance a été soulignée de longue date. Elles indiquent des temps forts, marqués par une rupture narrative ou dramatique, ou, comme les didascalies dans un texte théâtral, soulignent une posture actantielle, un changement d’intonation, quand elles surviennent en liaison avec le discours. »

C’est beau comme du Mallarmé !

Bonne journée,
Textor

Comment un petit couteau corse peut aider un bibliophile...



Un petit couteau corse sur un maroquin signé Devauchelle.


Pour rebondir sur le fil du blog de notre ami Léo du blog Bibliomab que vous pouvez suivre ICI, voici deux photographies qui vous permettront d'en savoir un peu plus sur mon intimité de coupeur-lecteur.

Taille réelle : 125 mm ouvert / 68 mm fermé


Ce petit couteau est une merveille et je pense que je mourrai avec... le risque étant de le perdre tant il est petit et discret une fois replié. D'où son nom "vendetta" qui lui sied à merveille. J'aime lorsque je le referme, il fait un grand "clac" caractéristique et sympathique. Ou lorsque le bibliophile devient maniaque...

PS : Je précise que si le bibliophile (et le libraire) est heureux de mettre la main sur des exemplaires "vierges" (non coupés), il y a de véritable violeurs de livres qui doivent prendre un malin plaisir à dépuceler les ouvrages avec leurs pieds... pour preuves certains livres qui font peur à voir lorsque la main indélicate d'un goujat y a fait des blessures à jamais irréparables. Ils ne méritent certes pas le titre de bibliophile, tout au plus celui de bibliopathe.

Bonne nuit,
Bertrand

samedi 12 juin 2010

Les plaisirs de la lecture en groupe et stéréoscopique...


Il n'y a pas de raison qu'il n'y en ait toujours que pour les amis Facebook du Bibliomane moderne. Celle-là je la partage avec vous sans hésitation. On est dans le thème et on reste sage...


Très belle épreuve. Vue stéréoscopique.
Tirage albuminé sur papier, contrecollé sur carton,
vers 1880/1890 ?


Pour information je suis acheteur en permanence de toutes photographies anciennes sur ce sujet "la femme lectrice", dans des versions sages et moins sages... à bon entendeur...

Un fétichisme de plus rirons certains, après les Thouvenin et autres Simier, ... pourquoi s'arrêter en si bon chemin ?

Bonne soirée,
Bertrand

Corneille et Chateaubriand reliés à la cathédrale et la vente des plaques à la cathédrale de l'atelier de Simier.


Bien souvent quelques images valent mieux qu'un long discours. Dernièrement, la vente d'une grande partie des plus beaux fers à dorer de l'atelier de reliure Simier (lire notre article sur le sujet) a été pour moi l'occasion d'observer dans le détail quelques unes des plus belles plaques relatives à la période romantique, période d'exercice de René Simier et donc finalement, seuls réels objets en rapport direct avec son temps. Après tout, les armes de Louis XV c'est bien joli, mais cela n'a finalement que bien peu à voir avec l'activité d'un atelier qui exerça dans la première moitié du XIXe siècle.

Je me suis donc penché plus particulièrement sur un type de reliure bien connu des bibliophiles amoureux de la période romantique, je veux parler du décor dit "à la cathédrale". Ce décor a été pratiqué entre 1830 et 1840 environ à quelques années près. Tous les relieurs chevronnés de l'époque et qui disposaient du matériel nécessaire (plaques en bronze gravées) s'y sont essayé, du plus grand au plus petit des relieurs de province. Simier y laisse sa marque avec de très belles plaques "à la cathédrale". Il y eut d'autres grands noms restés aujourd'hui dans les annales de la reliure romantique : Thouvenin frères, Khoeler, Vogel notamment.

Ce décor est à la fois sympathique et un peu facile à mon goût. Après tout il ne s'agit pour le relieur (ou plutôt doreur) d'appliquer une plaque à plat au centre des plats la plupart du temps. On est loin des reliures aux petites fers dorés pointillés du XVIIe siècle ou des reliures à dentelle ou mosaïquées du XVIIIe siècle. Mais c'est un style qui mérite d'être remarqué, facile à identifier.

Je vous propose de faire un petit retour sur les plaques dites "à la cathédrale" qui ont été vendues dernièrement lors de la vente de l'atelier Simier (2 juin 2010). Pour ce faire j'ai eu simplement à faire quelques copies d'écran du catalogue en ligne. La photographie et la notice qui les composent sont intéressantes. De plus vous avez le prix d'adjudication de chacune d'entre elles. Les voici.


Cliquez sur les images pour agrandir




Pour terminer ce billet je vous propose deux exemples de reliures dites "à la cathédrale", la premère, de petit format (in-12) est un plein veau glacé gris anthracite, sur Atala, René de Chateaubriand (Paris, Ledentu, 1834). Cette reliure n'est pas signée. La voici.



La deuxième reliure que je vous propose de découvrir est un volume de format grand in-8, plein veau cerise, sur Chefs d'oeuvre de Pierre et Thomas Corneille (Paris, Furne, 1829). Cette belle reliure est signée en pied du dos THOUVENIN. La voici.



Je vous laisse admirer ces décors, distinguer les petites différences entre les plaques utilisées, celles de la vente Simier, et vous faire finalement votre opinion sur ce titre de reliure à mi-chemin entre la reliure d'art (le corps d'ouvrage est parfait dans les deux cas) et la reliure semi-industrielle (utilisant non plus des fers mais des plaques pour décorer les plats comme ce sera le cas quelques années plus tard avec les percalines dites "éditeur" sur les plus beaux livres illustrés par Johannot, Grandville, Gavarni, etc. On voit bien que la bibliophilie ou l'art d'aimer les livres doit s'accommoder d'une évolution des techniques, des mœurs et des goûts, pour le plus grand bonheur des plus curieux.

Petite anecdote pour terminer, la plus grande et imposante reliure dite "à la cathédrale" que j'ai eu en mains était sur un in-folio de plus de 30 cm de hauteur, relié plein veau brun glacé, plats revouverts d'une seule grande plaque à froid "à la cathédrale" (quelques décors dorés ajoutés), sur une édition latine et grecque ... de Xénophon de 1550 environ. Le contraste entre l'impression XVIe et la reliure romantique a fait le bonheur d'un bibliophile audacieux. J'ai aussi vu une fois sur un des catalogues d'une des plus prestigieuse librairie de France, une reliure "à la cathédrale" en veau ou en maroquin (??) sur un livre d'heures du XVe siècle... étrange mélange. S'il n'y avait que moi je crois que j'aimerais trouver la plus belle des cathédrales sur l'édition originale de Notre-Dame de Paris de Victor Hugo (1831)... je sais qu'il en existe... mais à quel prix !!

PS : Si vous possédez une ou plusieurs belles reliures de ce type, n'hésitez pas à m'envoyer une belle photographie à bertrand.bibliomane@gmail.com, je me ferai un plaisir d'ajouter votre reliure à celles déjà présentées dans ce billet.

Bonne journée,
Bertrand

jeudi 10 juin 2010

Les Statuts de Savoie ( Statuta Sabaudiae ) seconde saison.


Vous vous souvenez sans doute que le Bibliomane Moderne s’était intéressé l’année dernière aux Statuts publiés par Amédée le pacifique, 8e du nom, pour son beau duché de Savoie. Une fois élevé au titre ducal, Amédée VIII demanda à des juristes de refondre et d'unifier les multiples lois en vigueur dans les divers territoires du nouveau duché. Cette nouvelle constitution sera connue sous le nom de Statuta Sabaudiae (Statuts de Savoie) ou Réformes universelles de Savoie.

Quelques fidèles lecteurs du blog avaient fait des commentaires sur les différentes publications de ces statuts. Or, il se trouve que ces commentaires ont intéressé un universitaire qui travaille actuellement sur les statuts savoyards et qui a effectué un recensement des manuscrits et des éditions des XVe et XVIe siècle. Comme il a eu la gentillesse de bien vouloir nous communiquer quelques informations sur ces différentes éditions dont la chronologie est assez complexe, il nous a paru utile de revenir sur le sujet et de vous communiquer ses commentaires :

Fig 1 Les statuts de 1513 Feuillets A2

« Puisqu’il me semble comprendre que le volume vous est cher je vous donne quelques informations qui corrigent ce que j’ai pu lire sur votre blog. J’ai vu qu’il y a un peu de confusion (mais c’est normal les catalogues ne fournissent pas les informations nécessaires puisque le plus souvent ils parlent simplement de Statuts de Savoie…).

Les statuts promulgués en 1430 par Amédée VIII on été imprimés pour la première fois le 17 novembre 1477 (H 14050 ; IGI 8484 ; Pell 10705) à Turin par l’imprimeur Johannes Fabri.
Le catalogue des incunables de la British Library (http://www.bl.uk/catalogues/istc/) en recense plus de 30 exemplaires.

Dans cette première édition on trouve déjà, à la suite des statuts de 1430, d’autres statuts promulgués successivement (à parti de 1475).

En 1487 (après le 6 octobre), a été imprimée la deuxième édition par l’imprimeur Jacobinus Suigus. (H 14051 ; IGI 8485 ; Pell 10707).

L’editio princeps était en effet très fautive et cette deuxième édition avait pour but de donner une édition corrigée.

L’impression de 1497 (21 juillet) n’est pas une nouvelle édition des statuts de 1430, mais simplement l’édition de statuts successifs. Le fait est que cette édition se trouve le plus souvent reliée avec celle de 1487. Si on examine l’ouvrage rapidement (en regardant uniquement la première et la dernière page) on pourrait croire qu’il s’agit d’une édition des statuts de 1430 imprimée en 1497.

La troisième édition est celle que vous possédez, imprimée par Francesco da Silva le 28 avril 1505 à Turin.

Actuellement j’ai pu recenser 18 copies, mais mon recensement est en cours.

Par la suite d’autres éditions sont celles datées 29 mai 1512 à Genève par Jean Belot ; 27 septembre 1530 à Turin par Bernardino da Silva et enfin 1586 à Turin apud haeredem Nicolai Bevilaquae.

Les éditions des statuts de 1430 sont donc au nombre de 6 : 1477, 1487, 1505, 1512, 1530 et 1586.

Fig 2 Les statuts de 1513 feuillet A 3


Les autres éditions de « Statuts de Savoie » que vous trouvez mentionnées sont des statuts postérieurs à ceux de 1430, imprimés à différentes années, et qui se trouvent reliés avec des éditions de ces derniers. D’où les confusions.

Revenons à votre édition :

La structure de base devrait être la suivante:

6 folios non numérotés qui comprennent

c. 1r: Frontispice avec les armoiries de la Maison de Savoie (il me semble de comprendre que le premier folio vous manque)
c. 1v-5v: tables des matières de l’édition.
c. 6r: blanc
c. 6v: Lettre dédicatoire
100 folios numérotés de I a C.
c. Ir-LXXXIv: Statuts 1430.
Statuts de Yolande de Savoie
c. 82r-82v: “Statutum super alienatione bonorum feudalium”, du 3 juillet, 1475.
c. 82v: Ordonnance du consilium cum domino residens, du 3 novembre 1475,
c. 83r-88v: Statuts de Yolande, du 8 février 1477, intitulés “Reformatio statutorum super causarum acceleratione.”
Statuts du duc Philibert Ier
c. 88v: 5 janvier 1480, intitulé “Quod iuramentum addit forum foro temporali sicut foro ecclesiastico”.
c. 88v-92v: 17 agosto 1480, a Chambéry, intitulé “Reformatio statutorum super causarum acceleratione”.
Statuts de Charles II
c. 93r: confirmation du Statutum super alienatione bonorum feudalium, 14 janvier 1484.
c. 93r-93v: Statuts sur la clause “Nisi et si quis”, du 10 juin 1485.
Statuts de la duchesse Blanche
c. 93v-95r: 26 octobre 1491 intitulé : “Statum super alienationibus feudorum et unica dilatione ad examinandum danda, contraque frabricatores monetarum ac in delinquentes.”
c. 95r: Statutum editum supre poena l. Si quis maior 17 mars 1495.
Statuts du duc Philippe II
c. 95v-96v: 30 juin 1497 : « Statuta pro breviori causarum expeditione ».
Statuts du duc Philibert II
c. 96v-97r: 24 janvier 1503 : “Quod in causis, quae dietim assignatae sunt, in stantia non currat nisi per decem dies.”
c. 97r: Ordonnance du conseil résident de Turin 8 mai 1503
c. 97r-99v: Reformatio et statuta nova”, du 1er décembre 1503.
c. 100r: Ordonnance de publication du consilium cum domino residens 5 décembre 1503.
Colophon : c. 100r “Impressa fuerunt suprascripta Sabaudiae statuta Taurini per Magistrum Franciscum de Silua. Regnante illustrissimo et magnanimo principe Karolo Sabaudiae duce nono. Anno salutis christiane M. cccc V die xviii mensis aprilis.”

Quant au texte de 1513 il s’agit des statuts promulgués par le duc Charles III le 10 octobre 1513 et imprimés par Francesco da Silva le 14 novembre 1513 à Turin. Pour l’instant j’ai recensé 6 copies de cette impression qui circule presque toujours relié à l’édition de 1505.

Fig 3 Les statuts de 1513 - Colophon


Je vous signale simplement que le travail de référence sur les éditions du XVIe siècle en Piémont est : BERSANO BEGEY Marina, Le cinquecentine piemontesi, 3 vol., Torino, 1961-1966. Vos éditions sont dans le volume 1, p. 352. »

Voilà de quoi satisfaire les plus exigeants sur les différentes éditions des statuta Sabaudiae et permettre au Bibliophile Rhemus de compléter ses fameuses fiches !

Bonne journée
Textor, qui cette fois-ci publie sans effort.

mardi 8 juin 2010

Saurez-vous reconnaitre quel libraire, célèbre dans le petit monde de la librairie ancienne, se cache derrière cette photographie ?



Pas facile n'est-ce pas ?


Mieux qu'un nom et un prénom, la bibliothèque de ce libraire a fait l'objet d'une belle vente.

Bonnes recherches,
Bertrand

La librairie Lucien Gougy au n°5, quai de Conti.


Ce bâtiment a été remplacé en 1932 par un immeuble de style Louis XIII, œuvre de l’architecte Joseph Marrast (1891-1971) et du sculpteur Calo Sarrabezolles. Ce chantier du carrefour Curie, à l’angle du quai de Conti et de la rue de Nevers a été un chantier de réaménagement important pour la ville de Paris. L’immeuble que l’on voit sur cette photographie originale abritait la librairie de Lucien Gougy, l’un des bouquinistes et éditeurs les plus en vogue dans la capitale avant-guerre.

Plan satellite Google Map (détail)

Un bibliophile d'outre-tombe nous raconte l'histoire d'un livre rare.


Ce soir laissons-nous bercer par les mots d'un bibliophile d'outre-tombe qui nous conte, par le menu détail, l'histoire du Barbier médecin ou les fleurs d'Hypocrate dans lequel la chirurgie a repris la queue du serpent, etc. Ouvrage publié en 1672 dont vous avez ci-dessous la page de titre entièrement calligraphiée à l'encre brune par ce même bibliophile du temps qui nous laisse les précieuses notes ci-après.

Bonne lecture.


Cliquez sur les images pour les agrandir.





Bonne soirée,
Bertrand

dimanche 6 juin 2010

Une brève histoire du Jardin parfumé






Un des moutons à cinq pattes des collectionneurs de curiosa est, sans nul doute, la traduction d' un manuscrit arabe du XVIe siècle, intitulé Le Jardin parfumé , qu'un capitaine d'état-major à Alger, le baron R...., rédigea en 1850. C'est le premier ouvrage érotique que m'avait montré un jeune collectionneur parisien acharné, qui m'avait invité, à l'époque, à consulter sa bibliothèque d'ouvrage érotiques. De l'eau a coulé sous les ponts avant que je ne puisse en être l'heureux propriétaire, après qu'il réapparût, comme par enchantement, récemment, lors d'une vente publique dans le Nord de la France. J'avais, une seule fois, repéré, il y a bien longtemps, cet ouvrage dans un catalogue à prix marqués, enrichi d'une lettre manuscrite de Guy de Maupassant, qui avait été l'heureux propriétaire de cet ouvrage !


Le Jardin parfumé, divisé en vingt et un chapitres renferme toutes sortes de conseils techniques et des histoires comme celle du bouffon Bahloul qui jouit plusieurs fois de la femme d'un vizir. Elle dit allégrement, à sa suivante: "Toute vulve porte inscrite à son ouverture le nom de celui qui doit y entrer", comme paraphrasant Mahomet qui disait que tout homme porte inscrite sa destinée sur son front ! Le Cheikh Nefzaoui enseigne les six mouvements en usage dans le congrès amoureux, les onze positions propres aux arabes et les vingt-neuf employées par les peuples de l'Inde. Il raconte des anecdotes sur les ruses et les trahisons des femmes, donne des remèdes contre l'impuissance et la stérélité. Il indique à l'homme qui a un trop petit membre comment en augmenter la dimension et par quel remède alimentaire, devenir un amant infatigable. Un des chapitres les plus amusants concerne le coït entre deux personnes de conformation différente comme l'hommme obèse avec la femme maigre, puis celui de la femme grasse et de l'homme gras. Les rapports entre l'homme excessivement petit et la femme d'une taille élévée, ainsi que le contraire et le coït entre bossus sont écrits savoureusement, envisageant tous les cas d'espèces (bosses sur leurs dos, leur poitrine, ou devant et derrière, à la fois !)

Ce fut Guy de Maupassant, séjournant à l'oasis de Bou Saada, en Algérie, qui découvrit la traduction française du Jardin parfumé. Maupassant a rencontré l'officier traducteur, dont il dit: "Malheureusement, il n'a pas osé traduire un des chapitres concernant un vice fort commun en ce pays : La Pédérastie, mais en somme, le livre est, en son genre, un des plus curieux que l'on puisse trouver !"


L'édition autographe fut reproduite en 1885 , puis l'éditeur Isidore Liseux donna, en 1886 du Jardin parfumé, une traduction revue et corrigée. A noter que Martin Van Maele , sur lequel j'ai écrit précédemment un article avait créé une superbe suite de 12 eaux-fortes pour illustrer cet ouvrage et qu'enfin, la collection de Gérard Nordmann contenait le manuscrit original mais pas l'ouvrage que je viens de décrire brièvement.

Quelles autres illustrations libres et quelques vues en fac-similé de l'ouvrage se trouvent dans l'album Picasa ICI.

Bonne journée,
Le Vicomte Kouyakov

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