jeudi 16 décembre 2010

Un exemplaire du Carmen de Prosper Mérimée (1884), rendu unique par l'artiste caricaturiste Henriot (1886), avec plus de 190 aquarelles originales.



Pour faire suite au billet de ce soir concernant une très jolie reliure en maroquin exécutées vers 1886 par l'association d'un relieur et d'un doreur, R. Petit (relieur) et J. Lecomte (doreur), voici pour votre plaisir (et le mien), ce que ce volume renferme.

La suite en images...















Exemplaire unique d'une édition de bibliophilie du Carmen de Prosper Mérimée. Paris, Calmann Lévy, éditeur. 1884 (Paris, imprimerie de la société anonyme de publication périodique P. Mouillot). Format petit in-8 carré (18 x 16,5 cm environ). Il a été tiré de cet ouvrage 50 exemplaires sur papier du Japon tous numérotés. Il a été fait en outre un tirage à 225 exemplaires d'une édition illustrée par S. Arcos, sur papier vélin à la cuve des fabriques du Marais, tous numérotés. Cet exemplaire porte le numéro 2 imprimé et est sur papier du Japon. Il contient la suite des eaux-fortes indiquées, avant la lettre, et sur papier du Japon (tirage non indiqué). En outre, cet exemplaire est rendu unique par le travail de l'artiste caricaturiste Henriot dit aussi Pif, de son vrai nom Henri Maigrot (*).


Henriot a entièrement couvert les marges de cet exemplaire de plus de 190 aquarelles originales illustrant le thème du Carmen de Prosper Mérimée, suivant fidèlement les scènes du texte pour la plupart. Quelques esquisses sont restées en noir, au trait. Ensemble unique à rapprocher de l'exemplaire de la bibliothèque municipale de Rouen d'un manuscrit autographe illustré de 296 aquarelles originales d'Henriot (sur Guy de Maupassant, Boule de suif, 1926 - acquisition 2004). Ici, le travail de l'artiste est daté de 1886, il était âgé de 29 ans seulement.

L'ensemble de cette illustration inédite est d'une exquise délicatesse. Je vous laisse juger par les quelques photographies ci-dessus qui sont bien loin de montrer la beauté réelle de ce travail d'artiste accompli. Vous ne voyez ici guère plus d'une quinzaine des dessins aquarellés présents dans le volume, il y en a plus de 190 au total !! Une merveille !!

Henriot illustrateur de seconde zone ? peut-être. Ce n'est certes ni Gustave Doré, ni Robida, ni même Willette avec qui, pourtant, sous plusieurs aspects, on pourrait le comparer. Il n'en reste pas moins que cet exemplaire ainsi rendu unique, magnfiquement relié comme on a pu le voir, a bien du être exécuté et sciemment relié pour un amateur éclairé, voire un ami de l'artiste. Mais pour qui ? C'est ce qu'il me reste à découvrir pour compléter le puzzle passionnant que ce volume me met entre les mains... pour un temps... il passera ensuite dans d'autres mains que j'espère tout aussi curieuses.

Bonne nuit,
Bertrand Bibliomane moderne

(*) Henri Maigrot, dit Henriot, est né à Toulouse en 1857. Il fait des études de droit qu'il abandonne enfin pour se vouer entièrement à son talent d'artiste caricaturiste. Il livre de nombreux dessins humoristiques pour la presse de l'époque. Il entre au Charivari sur les instances de Pierre Véron. Il devient en 1890 directeur du Charivari et collabora ensuite à l'illustration. Il meurt en 1933 à Nesles-la-vallée (val d'Oise). Son œuvre est riche et variée. " (...) Sa production en matière politique, très modérée, s'efforce à n'être jamais méchante ; il tâche do trouver chaque semaine un mot aussi juste que possible sur les événements qui passent, et tout ce mélange habile de croquis divers découle sans efforts d'une imagination experte, facile, étonnamment souple. C'est surtout un « actualiste » très simple, fuyant la réclame, vivant chez lui fort tranquillement, entouré de livres et de gravures qu'il adore. Cet homme qui voit tout, qui lève tous les voiles, dont la course vers les choses du jour, du moment, est époumonnante, rentre bourgeoisement dans les joies paisibles du foyer, son labeur quotidien accompli, une fois que son cerveau s'est vidé en une série de légendes illustrées de la chose d'attrait momentané, lue dans le journal ; il se repose alors au soin des livres chers, des gravures précieuses, au milieu de tout ce qui reste enfin..." (Emile Bayard, La caricature et les caricaturistes, Paris, Delagrave, s.d.). La bibliothèque municipale de Rouen possède un manuscrit autographe illustré de 296 aquarelles originales d'Henriot (sur Guy de Maupassant, Boule de suif, 1926 - acquisition 2004).

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