jeudi 27 août 2009

Léon Riffard de Tarascon dit "le vieil oncle Léon". Examen de passage à l'Académie des oubliés.







Léon RIFFARD était un brave homme. Sur la dédicace de son ouvrage de fables "Contes et apologues", il avait écrit à l'attention de ses neveux et nièces “Souvenirs du 9 juin 1909 pour Emile et Lucie. Le vieil oncle Léon de Tarascon”


Que de gentillesse, on peut deviner chez cet octogénaire de la fin du 19eme siècle dont le comportement paternaliste et le profil de sénateur sont aisés à imaginer. Ami de Mistral et de nombreux poètes de son époque, Riffard s'est distingué par une discrétion et une modestie qui l'ont conduit tout droit à l'opposé de la postérité… C'est ainsi.

Haut fonctionnaire de préfecture, il avait avec honnêteté mené une carrière administrative et rempli les charges que l'état attendait de son serviteur zélé. Moraliste sans aigreur mais non sans malice, c'est dans la fable qu'il a excellé à la manière d'un "La Fontaine" ou d'un "Florian".


Henri Chantavoine, maître de conférences à l'École normale de Sèvres, disait de lui “Il instruit sans corriger, s'adresse aux enfants qui sont de petits hommes et aux hommes qui sont parfois de grands enfants. Riffard ne s'est pas laissé décourager par le maître immortel. Il a fait d'après lui mais jamais comme lui…”

J'aurais voulu tout citer ou presque de ses fables. Ces courts fragments et ces clichés ne suffiront pas à mon ambition du panégyrique tant on sait qu'en poésie une citation ne rend pas compte de l'œuvre et un commentaire encore moins !

O gentille maison proprette
Assise à l'angle du chemin,
Simple, point grande, point coquette,
Au milieu d'un petit jardin.
Un jardin ? Non, une corbeille…


La maison est en effet ouverte, la porte accueillante et le propriétaire affable. Rassurez-vous, il n'est pas moralisateur, simplement fabuliste. Le propos est brillant, il n'est pas aveuglant ! De l'élégance, je vous disais. Et de l'indulgence, beaucoup d'indulgence comme dans la revanche de la cigale dédiée à Mistral.

Il est une vertu que la divinité
Suggère à toute créature,
Elle rachète tout, elle est pure.
Nos prédicants la nomment : charité.
Pour moi, tout simplement, je l'appelle bonté.


Bien que M. Riffard fût un grand commis de l'état, il s'interdit la fable politique mais il y a plus de politique que l'on ne croit dans ses fables. N'oubliez pas la plaie béante laissée par la perte de l'Alsace-Lorraine et vous comprendrez à demi-mot certaines péroraisons "bleu-blanc-rouge" ! Pourtant, ce n'est pas avec des lunettes noires qu'il vit le monde. Plus moraliste que philosophe il écrivait…

Les mimosas sont bien heureux !
J'essaierai de faire comme eux. (…)
Bravo, mon fils. Les nerfs, l'humeur
Ne sont jamais que troubles.
Va, ne te monte pas la tête :
Contente toi d'avoir du cœur.


Léon Riffard, qui comptait de nombreux amis parmi les artistes eu la chance d'avoir pour collaborateur le plus fin des dessinateurs de l'époque au moment d'illustrer ses contes. Frédéric Regamey apporte sa sensibilité à cet ouvrage et, sans s'effacer devant l'écrivain, offre avec la pointe de son fleuret, un magnifique écrin au texte, vous ne trouvez pas ?

Ce livre sera le bienvenu sur les rayonnages de votre bibliothèque. Léon RIFFARD sera, j'en suis sûr, accueilli avec joie au sein de "l'Académie des oubliés" établie par les membres d'un blog de bibliophiles français. Il est d'ores et déjà élu "Very Important Personnality" dans ma librairie Tarasconnaise.

Bonne soirée,
Pierre

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